La Belgique gagne le bras de fer engagé contre BNP Paribas

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Une polémique entre le gouvernement belge et le groupe BNP Paribas avait enflé ces derniers jours à propos du versement du dividende de BNP Paribas Fortis, la filiale belge de la banque française, à la maison mère. A l’heure où sévit la pandémie de Covid-19, et alors que les banques d’outre-Quiévrain sont invitées à fournir un gros effort pour soutenir l’économie (notamment en matière de report de crédits), le ministre fédéral belge des finances, Alexander De Croo, avait demandé à BNP Paribas de ne pas récupérer 1,9 milliard de dividendes auprès de sa filiale Fortis. Soit le rapatriement de la quasi-totalité de ses bénéfices.

« Il ne faut pas se soumettre aux diktats des Français », commentait, jeudi 2 avril, La Libre Belgique, tandis que le quotidien économique L’Echo déplorait ce « manque de solidarité ». Ce n’est pas la première fois que la question du rapatriement des dividendes de Fortis vers Paris se pose, d’autant que la banque française facture aussi à sa filiale des « frais de conseil » qui se chiffrent chaque année à quelques centaines de millions d’euros, soulignait le journal De Standaard.

L’affaire avait donc pris une tournure politique. L’Etat belge dispose encore de 7,44 % du capital du groupe BNP Paribas. Il en est devenu actionnaire en 2009, lorsque, après avoir sauvé la banque Fortis de la faillite en 2008, il a revendu celle-ci à BNP Paribas, déclenchant la fureur d’une partie des actionnaires, qui avaient tenté d’empêcher l’opération par le biais de recours devant la justice. A l’époque, BNP Paribas était devenu, grâce à cette acquisition, la première banque de dépôt de la zone euro.

Dans cette épreuve de force avec le groupe bancaire français, la Belgique s’est appuyée sur une recommandation de la Banque centrale européenne (BCE). Le superviseur des 117 plus grandes banques de la zone euro a en effet demandé, le 27 mars, aux institutions financières de ne verser aucun dividende avant octobre et de ne prendre aucun engagement pour les exercices 2019 et 2020, dans un contexte de lutte contre la pandémie liée au coronavirus. « Je vois que plusieurs banques suivent l’appel de la BCE et n’ont donc pas eu besoin de moi pour prendre cette décision, avait réagi le ministre De Croo au micro de la radio publique flamande VRT. Nous allons faire entendre notre voix au conseil d’administration de BNP Paribas. »

Finalement, dans la soirée du 2 avril, BNP Paribas a annoncé suspendre le versement d’un dividende à ses actionnaires pour 2019. Et sa filiale belge, BNP Paribas Fortis, a également indiqué qu’elle renonçait à distribuer un dividende à l’occasion de son assemblée générale du mois d’avril et qu’elle proposait « de réévaluer la situation en octobre de cette année ».

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Source: lemonde.fr

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