JO de Paris 2024 : Panique sur les plages et les festivals après les annonces de Gérald Darmanin sur la sécurité

Le ministre de l'Intérieur a indiqué qu'il n'y aurait plus de CRS qui surveilleraient les plages à l'été 2024 afin de mobiliser les effectifs sur la sécurisation des Jeux Olympiques
Le ministre de l’Intérieur a indiqué qu’il n’y aurait plus de CRS qui surveilleraient les plages à l’été 2024 afin de mobiliser les effectifs sur la sécurisation des Jeux Olympiques — AFP
  • Afin de concentrer les effectifs sur la sécurisation des sites olympiques, le ministre de l’Intérieur a annoncé la possible annulation de festivals qui se tiendraient pendant les Jeux olympiques de Paris en 2024.
  • Cette perspective inquiète beaucoup les professionnels du secteur, pour qui une telle annulation est fatale, voire impossible.
  • Le ministre de l’Intérieur a annoncé par ailleurs le retrait des CRS sur les plages pendant les JO, y compris à Marseille où cette décision demeure incomprise.

C’est une petite phrase qui a mis le feu aux poudres. « L’information tourne par mail entre producteurs de spectacles, s’alarme Benoît Geli, cofondateur des Plages électroniques, un important festival d’électro cannois qui se tient chaque année début août. J’ai lu les articles et j’ai eu peur. Si après l’attentat de Nice, le Covid-19, on a les JO… On n’ose pas imaginer une seule seconde qu’on puisse être annulé. Je trouve ça tellement fou. » Mardi, lors d’une audition par les commissions de la Culture et des Lois du Sénat, Gérald Darmanin a explicité le dispositif de sécurité qui entoure les Jeux olympiques de 2024.

Le ministre a annoncé « le report ou l’annulation de tous les événements en France qui demandent des unités de force mobile ou qui demandent la présence très forte de nombre de policiers » pendant les Jeux, afin de concentrer les forces de l’ordre sur la sécurisation des sites olympiques.

« On pense à de grands festivals culturels qui ont lieu pendant l’été, précise le ministre de l’Intérieur. On pense à de grands événements sportifs qui ont lieu pendant l’été et qui méritent d’être décalés, qui parcourent la France à vélo par exemple. Des grands concerts, un certain nombre de grands événements. On pense à la Braderie de Lille par exemple. Il ne s’agit pas de les interdire mais de pouvoir les reporter dans le temps, en lien avec les élus. Il ne faut pas annuler tous les événements mais un certain nombre d’entre eux. »

« Une décision unilatérale »

« C’est la stupeur et l’incompréhension qui prédominent, s’étrangle le directeur du festival des Vieilles Charrues Jérôme Tréhorel. C’est une décision unilatérale du ministère de l’Intérieur qui a été prise sans concertation. On ne sait d’ailleurs pas trop qui est concerné car on n’a pas d’infos précises sur la période et la zone géographique. Car on est dans une région en Bretagne qui n’accueillera pas d’épreuves olympiques donc on ne voit pas trop pourquoi on devrait en faire les frais. »

Et d’estimer : « Il y a une méconnaissance du ministère de l’Intérieur sur le volet sécuritaire du festival. Nous gérons presque toute la sécurité avec nos propres moyens. Les forces mobiles n’interviennent pas dans l’organisation du festival. Selon les années, il y a quand même entre 100 et 200 forces mobiles qui interviennent à la demande du préfet mais cela n’a rien à voir avec le dispositif d’un concert au Stade de France ou pour un match de foot. »

« Impossible de décaler »

« Franchement, j’ai d’abord cru à une blague, abonde Benoît Geli. J’espère que ce n’est qu’un effet d’annonce. Nous, organisateurs de festival, on vient de vivre des années difficiles. Il ne faudrait pas que les JO soient une crise supplémentaire. Et on ne peut pas reporter comme ça. Il y a une sorte de consensus par territoire, durant lequel chacun a son week-end. Si on joue le même week-end qu’un autre, la concurrence est très forte, et le truc peut devenir déficitaire. Déjà là, avec le Covid, on avait eu des reports et des embouteillages. Ça nous avait posé des problèmes de matériel, de ressources humaines. »

« C’est impossible de toute façon de décaler, estime Jérôme Tréhorel. Un festival ne s’organise pas en 15 jours. On a déjà des engagements artistiques et des contrats avec des fournisseurs et des partenaires qui ne peuvent pas s’annuler comme ça. »

Pas de CRS sur les plages

La colère gagne aussi les stations balnéaires et autres villes de bord de mer, puisque, au cours de cette même audition, le ministre de l’Intérieur a indiqué que, pour les mêmes raisons, « il n’y aura pas de CRS des plages cette année-là ». Et ce, y compris à Marseille, ville hôte dans laquelle des CRS ont été récemment déployées à la calanque de Sormiou pour faire régner l’ordre et dissuader les fauteurs de troubles. « J’ai déjà prévenu la mairie de Marseille, affirme la préfète de police des Bouches-du-Rhône Frédérique Camilleri. Vous savez qu’on a un poste de CRS à Sormiou. L’été 2024, on ne sera pas en mesure d’assurer la surveillance de la baignade avec des CRS. Mais on va trouver un arrangement avec la mairie pour assurer la surveillance de la baignade autrement qu’avec des CRS. »

« Le choix de retirer les CRS sur les plages de Marseille est une erreur, encore plus pour cette ville qui va accueillir les Jeux olympiques, peste l’adjoint au maire de Marseille en charge de la sécurité, Yannick Ohanessian. Il y a un enjeu de sécurité sur les plages marseillaises, qui accueillent de plus en plus de touristes, et font face à de la petite délinquance organisée, des incivilités et tout ce qui relève des agressions faites aux femmes. On a besoin de police nationale sur nos plages ! » L’été dernier, cinq CRS avaient été dépêchés à Sormiou à la demande de la ville de Marseille.

Source: 20minutes.fr
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