Jean-François Delfraissy : « Nous avons une vision à quatre semaines »

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L’immunologiste Jean-François Delfraissy préside depuis le 11 mars le conseil scientifique mis en place par le ministre de la santé, Olivier Véran, afin d’éclairer la décision publique face au Covid-19. Il avait été nommé en 2014 coordinateur interministériel de la réponse à l’épidémie d’Ebola et présidait depuis 2016 le Comité consultatif national d’éthique. Sous sa présidence, le conseil scientifique a déjà rendu trois avis.

Jean-François Delfraissy partage sa vision de la situation épidémique en France et de la période qui vient.

J’ai en effet déclaré que le confinement pourrait durer au moins quatre semaines pour porter ses fruits. La question est évidemment ensuite comment sortir du confinement. Le conseil scientifique mis en place pour éclairer la décision publique dans la gestion de la situation sanitaire liée au Covid-19 y réfléchit.

Parmi les stratégies envisageables, il y a celle qu’a appliquée la Corée du Sud. Elle associe une très large quantité de tests et un suivi des personnes testées positives en ayant recours à une application numérique permettant de tracer les individus, ce qui représente une atteinte aux libertés.

Si nous disposons de médicaments à l’efficacité démontrée, il serait possible d’appliquer en France une politique testant et traitant immédiatement toutes les personnes chez lesquelles l’infection est découverte. Mais il reste beaucoup d’inconnues scientifiques et de questions sociétales posées.

Parce que nous en sommes incapables et que ce n’est pas l’enjeu dans la phase de montée de l’épidémie. Nous ne possédons pas les capacités de tester à la même échelle que la Corée du Sud. En France, environ 8 000 tests sont réalisés chaque jour. Les laboratoires privés vont s’y ajouter mais nous avons un énorme problème avec les réactifs utilisés dans les tests. Ces réactifs de base proviennent de Chine et des Etats-Unis. La machine de production s’est arrêtée en Chine et les Etats-Unis les gardent pour eux.

Au début de la crise sanitaire italienne. Des discussions avec des collègues scientifiques et des modélisations que j’ai pu consulter fin février-début mars m’ont convaincu des difficultés à venir. J’y ai beaucoup réfléchi, notamment du fait de ma fonction à l’époque de président du Comité consultatif national d’éthique. Je me suis dit qu’il fallait y aller et rejoindre mes collègues contre le Covid-19.

Source: lemonde.fr

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