Jean Castex, un homme de droite pour remplacer Edouard Philippe

POLITIQUE – Si Emmanuel Macron entendait envoyer un message politique, ce n’est pas celui d’un coup de barre à gauche. En désignant Jean Castex, jusqu’ici en charge de piloter le déconfinement, pour succéder à Édouard Philippe et constituer le prochain gouvernement, le chef de l’État a choisi un homme de droite loyal pour remplacer un homme aux qualités assez similaires. 

Ceux qui espéraient une personnalité politique d’envergure nationale, une prise de guerre retentissante, une femme, écologiste ou de gauche, en seront donc pour leurs frais. 

Proche de Nicolas Sarkozy dont il codirigea le secrétariat général à l’Élysée à la fin de son quinquennat, ce quinquagénaire discret, aux fausses allures de Jacques Chirac et de Jean-Michel Blanquer, est “un haut fonctionnaire qui connaît parfaitement le monde de la santé et qui est redoutable d’efficacité”. Voici comment Édouard Philippe, alors Premier ministre, le résumait en annonçant sa nomination en avril dernier, au moment où il se voyait confier la délicate mission de piloter la stratégie intergouvernementale du déconfinement.

Haut fonctionnaire chevronné et maire d’une petite ville, Jean Castex allie certes connaissance du terrain et maîtrise des rouages de l’administration, des atouts précieux pour piloter la délicate période de la sortie de crise. Mais il n’est pas une page blanche en matière politique pour autant. Le maire LR de Prades (Pyrénées-Orientales), réélu dès le premier tour avec 75,72% des voix, a conduit l’essentiel de sa carrière dans le sillage de la droite UMP.

Loué par les sarkozystes et Xavier Bertrand

“C’est un vrai couteau suisse, il a des connexions un peu partout, il sait faire ce qu’il faut faire au bon endroit”, assure Franck Louvrier, l’ancien conseiller communication de Nicolas Sarkozy. 

Peu connu du grand public, Jean Castex connaît notamment très bien le secteur hospitalier pour avoir été en 2005-2006 directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale.

Il devient ensuite directeur de cabinet de Xavier Bertrand à deux reprises, d’abord au ministère de la Santé (2006-2007) puis au Travail (2007-2008). “Politiquement, je suis de droite et je l’assume parfaitement”, soulignait alors ce membre de la Cour des comptes.

Membre des Républicains, il soutient la candidature de François Fillon face à Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP lors du congrès d’automne 2012. Mais il sait aussi se ménager des appuis à La République en marche: son nom avait un temps circulé fin 2018 pour devenir ministre de l’Intérieur après le départ de Gérard Collomb. L’ex-socialiste Christophe Castaner avait finalement été préféré à Jean Castex, ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée sous Nicolas Sarkozy.

Ses compétences ne sont pas étrangères à son ascension,y compris aujourd’hui en tant que chef d’un gouvernement qui devra anticiper une éventuelle deuxième vague de coronavirus. “Le premier plan pandémie, c’est Jean Castex qui est dircab” à l’époque du virus H5N1, rappelle Xavier Bertrand, en soulignant que “l’OMS avait alors indiqué qu’on était un des pays le mieux préparés au monde”.

“Le côté ‘je vous mets en place un plan qui ne fonctionne pas sur le terrain’ ce n’est vraiment pas le genre de la maison Castex”, ajoute-t-il, en louant “les idées claires et le franc-parler” de cet ”énarque rectifié élu local”.

Un négociateur plus qu’un politique

Béton côté santé, Castex sait aussi faire jouer la fibre sociale alors qu’Emmanuel Macron a remis sur la table une réforme des retraites honnie des syndicats et de l’opposition.

Quand il opérait dans l’ombre, Jean Castex a laissé à ses interlocuteurs des centrales syndicales le souvenir d’un homme  “disponible” et “avenant” même s’il “cache une certaine fermeté”, avec “une excellente connaissance de ses dossiers”, “quelqu’un avec qui on peut discuter”.

En le désignant, Emmanuel Macron s’offre ainsi un bras droit réputé pour sa loyauté et qui ne devrait pas lui faire de l’ombre d’ici 2022.

Jean Castex était jusqu’à sa nomination au déconfinement délégué interministériel aux Jeux olympiques de Paris-2024 et aux grands événements sportifs, et présidait également l’Agence nationale du sport.

Conseiller régional de Languedoc-Roussillon de 2010 à 2015, il est battu aux législatives de 2012 par la candidate PS Ségolène Neuville. Ce père de quatre filles a conservé l’accent du sud et reste attaché à son Gers natal, où il n’avait pas renoncé à passer les week-ends lorsqu’il était à l’Élysée. Dans l’enfer de Matignon, ce sera peut-être une autre histoire.

À voir également sur Le HuffPostPour le Monsieur Déconfinement, “le problème n’est pas le manque de tests mais que les gens se fassent tester”

Source: huffingtonpost.fr

laissez un commentaire