Drapeaux en berne, banderoles blanches… Paris commémore les victimes de féminicide

Des croix disposées lors d'une manifestation contre les féminicides au Mexique (illustration).
Des croix disposées lors d’une manifestation contre les féminicides au Mexique (illustration). — RONALDO SCHEMIDT
  • La Ville de Paris s’est engagée à organiser une grande cérémonie chaque année en mémoire des victimes de féminicides, à l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre.
  • Pas de cérémonie cette année, le délai était trop court, mais des banderoles seront affichées sur la façade de l’hôtel de ville et une campagne de communication est lancée.
  • Selon l’adjointe à l’égalité femmes-hommes Hélène Bidard, le nombre de plaintes pour violences sexuelles déposées à Paris a progressé de 25 % cette année par rapport à 2021.

Une cérémonie tous les ans pour les femmes tuées par leur conjoint et toutes les victimes de féminicides. C’est l’un des engagements qu’a pris la mairie la semaine dernière en Conseil de Paris, et qui commencera à être appliqué dès cette année, ce 25 novembre, à l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes.

Cette initiative fait à la suite d’un vœu déposé par les écologistes et notamment la conseillère Raphaëlle Rémy-Leleu. Le texte remanié par l’exécutif prévoit qu’en plus de cette cérémonie annuelle, « l’Hôtel de Ville de Paris se pare de banderoles en mémoire des victimes » et « invite les mairies d’arrondissement à valoriser des actions symboliques et mémorielles du même ordre ».

« Les banderoles vont se voir de loin et c’est ça qui compte »

Ce sera le cas dès cette année pour les banderoles et les initiatives dans les mairies. Selon nos informations, des drapeaux seront mis en berne ou des minutes de silence seront organisées dans le 20e, à Paris Centre, ainsi que dans les 11e et 12e arrondissements. Mais le délai était trop court selon la mairie pour organiser une grande cérémonie, à l’image de celle organisée durant l’été 2019, pendant laquelle la comédienne Eva Darlan avait égrené les noms des victimes et la maire de Paris avait pris la parole sur le parvis.

Initialement le vœu demandait « la mise en berne des drapeaux des bâtiments municipaux » mais la mairie a estimé que ce n’était « pas dans les protocoles », selon les mots de l’adjointe à l’égalité femmes-hommes Hélène Bidard, contactée par 20 Minutes. « C’est légalement possible et il y a une tolérance mais pour nous c’est pas un sujet. Les banderoles vont se voir de loin et c’est ça qui compte », précise l’élue. « La mise en berne est un outil qui a une valeur forte et universelle, et cela pouvait se faire potentiellement dans tous les villages de France, pour envoyer un message à toutes les femmes qui subissent des violences », regrette Raphaëlle Rémy-Leleu.

« Toutes les violences ne sont pas visibles »

En plus des banderoles et autres actions en mairies d’arrondissement, la ville a lancé une campagne de communication sur les conséquences des violences sur la santé des femmes, qui met en avant les effets sur le plan psychologique. « Toutes les violences ne sont pas visibles » énonce l’affiche de campagne qui sera diffusée dans les bibliothèques, centres d’action sociale, centres de santé sexuelle et panneaux publicitaires de la ville pendant deux semaines à partir du 25 novembre. Des cartes postales avec la même image et des contacts utiles seront également diffusées dans tous les endroits d’accueil du public.

Le visuel de la campagne de la mairie de Paris
Le visuel de la campagne de la mairie de Paris – Jeanne Louvet

« Il faut que les professionnels qui voient des coups et bleus posent la question des violences aux femmes concernées mais on veut aussi que la question soit posée quand ça ne se voit pas physiquement », résume Hélène Bidard.

Des plaintes en augmentation de 25 %

Cette année la Ville de Paris dédie un demi-million d’euros aux associations de lutte contre les violences faites aux femmes, un budget « en augmentation depuis plus de quatre ans » d’après Hélène Bidard. Mais pour l’adjointe « ça n’est pas suffisant, nous ne pouvons pas être les seuls à augmenter ces subventions. On a un nombre de violences en augmentation, c’est massif. Et face à cela, nous n’avons pas d’augmentation budgétaire de l’Etat ni les personnels dédiés à la police, à la justice ou dans les associations ».

Selon Hélène Bidard, le nombre de plaintes pour violences sexuelles déposées à Paris a progressé de 25 % cette année par rapport à 2021.

Source: 20minutes.fr
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