Des activistes kazakhs visés par le logiciel espion Pegasus

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Le logiciel espion Pegasus a été utilisé pour pirater les téléphones de quatre activistes kazakhs, a révélé jeudi 9 décembre l’ONG Amnesty International.

Tamina Ospanova, Dimash Alzhanov, Aizat Abilseit et Darkhan Sharipov font partie du mouvement de jeunesse Oyan, Qazaqstan (« Debout, Kazakhstan »), critique envers le pouvoir en place. Ils sont aussi, selon Amnesty International, des proches du blogueur Temirlan Ensebek, poursuivi en justice pour son activité satirique sur les réseaux sociaux.

Amnesty International a procédé à des analyses techniques sur neuf appareils appartenant à des militants kazakhs des droits de l’homme. Quatre d’entre eux présentaient des traces d’une infection ayant débuté entre le 3 et le 5 juin 2021. Les traces permettent de déterminer que les téléphones ont été infectés, selon les cas, entre quelques jours et plusieurs semaines.

En juillet, Le Monde et les seize rédactions partenaires du « Projet Pegasus » révélaient que le Kazakhstan était un client de ce logiciel espion sophistiqué, commercialisé par l’entreprise israélienne NSO Group.

L’enquête révélait qu’environ 2 000 numéros avaient été sélectionnés en vue d’un potentiel piratage par le client kazakh du logiciel. Pour la plupart, il s’agissait de caciques du régime en place ou d’hommes d’affaires de premier plan et de leur entourage. Faute d’avoir eu accès à leurs téléphones, le « Projet Pegasus » n’avait pas pu déterminer si un piratage avait réellement eu lieu. C’est là l’un des mérites de l’analyse d’Amnesty International : elle tend à confirmer que le régime kazakh est non seulement client du fournisseur du logiciel, mais aussi qu’il l’utilise contre ses opposants.

Selon l’organisation Oyan, Qazaqstan, sept de ses membres ont récemment reçu des alertes d’Apple les informant qu’ils avaient été victimes d’une attaque de Pegasus. Trois de ces attaques ont pu être confirmées par les analyses menées par Amnesty International, sans qu’il soit possible pour les experts de l’ONG de dire, concernant les autres membres alertés par Apple, si cela signifie que l’infection n’a pas eu lieu ou que ses traces ont simplement été effacées.

La quatrième victime détectée par Amnesty International n’a, elle, pas reçu ce message qu’Apple a fait parvenir aux victimes de Pegasus identifiées par l’entreprise au cours de son enquête sur une faille de sécurité affectant le logiciel qui équipe ses iPhone. Cela suggère, note l’ONG, que certaines victimes du logiciel espion n’ont pas été identifiées par Apple.

« Le piratage illégal des téléphones de ces militants viole non seulement leur droit à la vie privée, mais aussi leur droit à la liberté d’expression et d’association. Les autorités kazakhes doivent immédiatement mener une enquête approfondie et transparente sur cette intrusion et faire en sorte que les responsables répondent de leurs actes », a dénoncé Marie Struthers, la directrice d’Amnesty International pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.

« Cette affaire s’ajoute à une liste déjà longue de preuves selon lesquelles le logiciel espion de NSO est l’arme de choix des gouvernements qui cherchent à faire taire les mouvements sociaux et à écraser la dissidence », a-t-elle également asséné.

La découverte d’Amnesty International est en effet, dans la lignée des révélations du « Projet Pegasus », une nouvelle preuve que contrairement à ce que NSO Group n’a cessé de défendre son logiciel espion Pegasus est très fréquemment utilisé à des fins de répression politique, alors qu’il est censé n’être utilisé que contre la criminalité et le terrorisme.

Il y a peu, les notifications envoyées par Apple ont permis de découvrir que des opposants et des journalistes en Thaïlande, en Ouganda ou au Salvador avaient été victimes de Pegasus. Ces alertes envoyées à tous ceux qu’Apple estime avoir été ciblés par le logiciel espion ont aussi permis de découvrir l’infection de neuf téléphones appartenant à des membres du département d’Etat américain (équivalent du ministère des affaires étrangères), selon la presse américaine.

« Amnesty a choisi de publier des accusations dans les médias plutôt que de nous fournir les informations nécessaires à des enquêtes approfondies… Nous ne pouvons pas nous référer à un prétendu rapport que nous n’avons pas vu, publié par une organisation connue pour avoir publié de fausses accusations contre NSO », a quant à elle réagi l’entreprise auprès du quotidien israélien Haaretz.

Source: lemonde.fr

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