« Dark stores » : l’offensive des grandes villes contre Getir, Flink ou Gorillas

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Il a suffi d’un tweet publié en plein week-end du 15 août, ce moment où le monde politique s’accorde traditionnellement une pause, pour que la plupart des maires des grandes villes de France s’unissent contre le gouvernement. Au cœur du sujet, les « dark stores », ces lieux alloués à la livraison express en centre-ville – « vos courses en quelques minutes », promet la publicité. Subitement, tous ont craint que l’exécutif fasse passer au milieu de l’été un texte qui légaliserait « de fait » en commerces ce qu’ils considèrent, eux, comme des mini-entrepôts, si ces derniers se dotaient d’un « point de collecte ».

Or, dans un contexte où tous dénoncent l’essor anarchique de cette activité tournée vers la livraison, les nuisances – sociétales, environnementales, sociales – qui vont avec, et l’absence de moyens suffisants pour endiguer le phénomène, cela passe évidemment mal. Le coup officiel est parti du compte Twitter d’Emmanuel Grégoire, le premier adjoint à la maire de Paris. Mais l’alerte initiale est arrivée de Villeurbanne (Rhône) et Lyon, où les services ont été les premiers à tiquer sur la tournure que prenait la révision de deux textes réglementaires d’urbanisme. L’un concerne l’arrêté ministériel de novembre 2016 qui a trait aux « destinations » et « sous-destinations » de constructions.

Un texte essentiel, puisqu’il définit les catégories (bureau, logement, commerce, entrepôt, etc.) dans lesquelles doit être rangée chaque construction sur un territoire. Or, s’alarment les élus, le document à l’étude introduit dans le droit la possibilité pour les dark stores d’être considérés comme des commerces. Face à cette fronde, Bercy et le ministère du logement ont bien tenté l’apaisement. Ce sont des « documents de travail », « la concertation continue », « les élus locaux seront reçus à la rentrée », ont-ils insisté en milieu de semaine, sans grand succès. Soupçonnant la main des lobbys derrière et craignant une lutte d’influence au sein du gouvernement entre les partisans d’une régulation et ceux plus sensibles à l’innovation et à la création d’emplois, quels qu’ils soient, les maires ont préféré frapper plus haut.

Six jours plus tard, une lettre partait pour Matignon. Ce courrier, daté du 19 août et adressé à la première ministre, Elisabeth Borne, a fait le tour de France. Paris, Lyon, Villeurbanne, Marseille, Lille, Bordeaux, Besançon, Strasbourg et Montreuil (Seine-Saint-Denis) ont signé. A côté de ces responsables de collectivités de gauche et écologistes, figure Stéphane Beaudet, le maire (Les Républicains, LR) d’Evry-Courcouronnes et président de l’Association des maires d’Ile-de-France, ou encore Patrick Ollier, président (LR) de la Métropole du Grand Paris. A la question des dark stores s’est ajoutée celle des « dark kitchens », ces restaurants dévolus à la livraison.

Source: lemonde.fr

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