Coronavirus : en Chine, les violences conjugales en hausse pendant le confinement

Autres articles
1 De 409

Le 19 février, M. Shi, 23 ans, habitant Shenzhen, avait bien envie d’aller boire un verre. « Avec le confinement, ce n’est pas le moment », lui répond sa petite amie, Mme Cao. Il décide donc de boire chez lui. Et veut forcer sa compagne à l’imiter. Elle refuse. Il la bat, la jette contre les murs et menace de l’étrangler. Avant de s’endormir.

A 7 heures du matin, Mme Cao se rend au commissariat. « Pourquoi nuire à ton ami qui a une belle situation ? », lui demande le policier. Depuis mai 2016, les violences domestiques sont pourtant reconnues comme un crime puni par la loi. Elle y retourne un peu plus tard, mais un second policier lui dit de se rendre d’abord à l’hôpital.

Débordés, plusieurs hôpitaux refusent de la recevoir. Elle finit par être accueillie à l’hôpital de Shenzhen de l’université de Hongkong. On lui prend sa température : 37°6. Aurait-elle par hasard le coronavirus ? On la place en quarantaine et on lui fait passer un test de dépistage. Elle n’a rien. Son comité de quartier la réprimande. Quelle idée d’aller à l’hôpital par les temps qui courent !

Troisième visite au commissariat. Même policier que la première fois. Celui-ci convoque le petit ami et tente une conciliation. Mme Cao refuse. De retour chez elle, elle écrit le 26 février son témoignage sur les réseaux sociaux. Des dizaines de milliers de personnes lui apportent leur soutien. Le lendemain, la police lui présente publiquement ses excuses et condamne M. Shi à cinq jours de détention et 30 euros d’amende.

Alors que, au début de la crise du coronavirus, beaucoup ironisaient sur le pic de naissances qui ne manquera pas de se produire à l’automne en Chine, c’est une tout autre réalité qui se dessine, au vu des premiers témoignages des associations.

« Le commissariat du comté de Jianli [province du Hubei] a enregistré 162 témoignages de violences domestiques en février. Trois fois plus que les 47 de février 2019. Et en janvier, le nombre de cas était le double de celui de l’année précédente. Selon nos statistiques, 90 % des cas de violences ont un lien avec la pandémie de Covid-19 », témoignait début mars Wan Fei, un ancien policier qui a fondé une association de lutte contre les violences domestiques, sur le site d’information Sixthtone.com.

Selon le China Daily, un autre comté du Hubei, Qianjiang, fait également état d’un doublement des signalements par rapport à 2019. « La violence conjugale n’est pas un phénomène nouveau. Mais pendant l’épidémie et le confinement, se réfugier ailleurs, se rendre à l’hôpital ou à la police est encore plus difficile », explique Guo Jing. Travailleuse sociale, cette militante féministe de 29 ans a créé, fin février, sur le réseau social Weibo, une plate-forme de discussions et de témoignages sur le sujet. C’est sur celle-ci que Mme Cao a témoigné.

Source: lemonde.fr

laissez un commentaire