Coronavirus : Antoine Gallimard sonne l’alarme face au risque d' »une vague de faillites » dans l’édition et les librairies

Trois semaines après la mise en sommeil de l’ensemble de l’activité culturelle en France à la suite de l’épidémie provoquée par le coronavirus, l’éditeur Antoine Gallimard sonne l’alarme. Évoquant « une crise très grave », Il a fait savoir vendredi 3 avril qu’il redoutait « une vague de faillites » de librairies et de maisons d’édition et a réclamé, pour tenter de l’éviter, la mise en place rapide d’« un dispositif de soutien fort » de l’État afin de leur apporter de l’aide.

Le ministère de la Culture a annoncé récemment le déblocage de 22 millions d’euros dont 5 millions d’euros pour la filière du livre, « mais ces moyens sont tout à fait insuffisants », a estimé le patron du groupe Madrigall (Gallimard, Flammarion, Casterman…) dans un entretien publié vendredi sur le site de Livres Hebdo. « Il faut un plan d’envergure. Il faut aussi (…) que des délais soient accordés, à l’ensemble des entreprises du secteur, pour le règlement des charges », a-t-il ajouté.

Les libraires, « maillon le plus fragile »

« La librairie est le maillon le plus fragile. Il faut qu’elle ait recours massivement au dispositif Bpi [Banque publique d’investissement, NDLR), c’est vital pour elle comme pour toute la filière », a insisté l’éditeur.

La façade de la librairie L'Arbre à Lettres fermée, comme d'autres enseignes, à Paris, le 21 mars 2020, en période de confinement.
La façade de la librairie L’Arbre à Lettres fermée, comme d’autres enseignes, à Paris, le 21 mars 2020, en période de confinement. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)

Jeudi 2 avril, le Syndicat de la librairie française (SLF) avait lancé un appel urgent pour la création d’un fonds de soutien aux libraires, associant l’État, les régions et des partenaires privés. Comme tous les commerces jugés non essentiels, les librairies françaises sont fermées depuis le 16 mars. « Il faut que les libraires puissent accéder rapidement aux dispositifs financiers qui les y aideront », a souhaité Antoine Gallimard.

Concernant le cas spécifique de sa maison d’édition, Antoine Gallimard a confié perdre actuellement « plus de 90% » de son chiffre d’affaires malgré l’essor des ventes de livres en format numérique. « Il ne faudrait pas que cela dure trop longtemps, d’autant que nous ne savons pas quand nous retrouverons les 100% après la crise sanitaire. »

Selon l’éditeur, « toute la chaîne du livre va se trouver assez affectée jusqu’à la fin de l’année, et même en 2021 ». « Sur l’année, je m’attends à une baisse de chiffre d’affaires de l’ordre de 20 à 25%, et surtout une baisse plus marquée de nos marges d’exploitation », a-t-il ajouté. Dans ces conditions, « le secours de l’État sera essentiel, en particulier pour les petites maisons d’édition et les librairies. Il faut y avoir recours massivement », a-t-il insisté.

« Réduire au moins d’un tiers » les sorties de la rentrée

Antoine Gallimard a également souhaité que l’accès à l’aide de 1.500 euros prévue par le gouvernement pour les travailleurs indépendants soit adapté « à la condition spécifique des auteurs ».

Concernant la rentrée littéraire, Antoine Gallimard a souhaité « réduire au moins d’un tiers » les sorties de fin août et du début septembre. « Pour notre part, nous sommes en train de reporter beaucoup de titres à l’an prochain », a-t-il confié ajoutant cependant que « si toutes les conditions sont réunies », il publiera le nouveau roman d’Elena Ferrante (auteure de la saga L’Amie prodigieuse), en juin.

Source: francetvinfo.fr
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