BD : le retour de Gaston Lagaffe déjà devant la justice

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Isabelle Franquin, la fille d’André Franquin (mort en 1997), a décidé de saisir la justice belge afin de s’opposer à la publication, en octobre, d’un nouvel album de Gaston Lagaffe, Le Retour de Lagaffe, sous le crayon d’un autre dessinateur, le Canadien Delaf.

L’unique ayant droit du créateur de Gaston, et détentrice du « droit moral » associé à son œuvre, estime « illégale » cette renaissance, annoncée le 17 mars par la maison d’édition Dupuis à l’occasion du dernier festival de la bande dessinée d’Angoulême.

D’abord, parce que son père a toujours exprimé le souhait que Gaston ne lui survive pas, à l’instar de Tintin avec Hergé. Ensuite, parce qu’elle considère que les planches réalisées par Delaf relèvent du « plagiat ». Introduite en référé le 25 mars, la procédure doit être plaidée en mai. Entre-temps, le magazine Spirou a décidé de suspendre la prépublication des premiers gags de ce nouveau Gaston.

L’affaire fait grand bruit dans le monde de la BD franco-belge et rappelle la complexité des questions liées au droit moral après la mort de créateurs de personnages aussi emblématiques que le héros aux espadrilles. Au tournant des années 1990, André Franquin avait cédé l’ensemble des droits patrimoniaux de son œuvre à la société Marsu Productions, dirigée par l’homme d’affaires Jean-François Moyersoen, qui les a ensuite revendus à son tour à Dupuis en 2013. Le dessinateur n’était à l’évidence guère favorable à ce que Gaston puisse être repris par un autre que lui.

« Après ma mort, tout le monde oubliera ces séries. J’espère que l’on ne verra jamais un Tintin sans Hergé, mais je voudrais beaucoup, si demain je me fais écraser par un autobus, que l’on ne reprenne pas Gaston. Seulement, les dernières volontés, tout ça, c’est très gentil, mais une fois qu’un gars est mort, c’est fini, on s’en fout », déclarait-il notamment à un fanzine belge en 1986.

Des propos qu’il a tenus à plusieurs reprises, avant de les « nuancer oralement », explique-t-on chez Dupuis, qui espère relancer le personnage avec cette opération censée compenser une perte de vitesse commerciale. La maison d’édition table sur une vente de l’ordre de 1,2 million d’exemplaires pour ce premier volume.

Dans le passé, Isabelle Franquin avait déjà affronté Marsu Productions autour d’un héros nommé Gastoon, présenté comme le neveu de Gaston. Le litige s’était conclu par un règlement à l’amiable, sans passer par les tribunaux. En 2017, la fille du dessinateur n’avait pu empêcher l’adaptation cinématographique de Gaston en prises de vues réelles par Pierre-François Martin-Laval (dit Pef), qu’elle avait alors qualifiée de « désastre ».

Source: lemonde.fr

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