Auteurs et compositeurs, parents pauvres du streaming

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« La musique est bradée sur le marché du streaming », s’agace David El Sayegh, directeur général adjoint de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). Bien que le chiffre d’affaires mondial de la musique en ligne ait explosé, en passant de 1 milliard de dollars (1 milliard d’euros) en 2012 à 16,9 milliards en 2021, les auteurs et les compositeurs restent lésés. C’est ce qu’affirme la première étude sur la place et le rôle de ces derniers sur le marché européen du streaming, publiée mercredi 28 septembre et commandée par le Gesac, qui regroupe 32 sociétés d’auteurs et de créateurs sur le Vieux Continent.

Conduite par la société de conseil parisienne Legrand Network, l’étude évoque une « asymétrie entre les objectifs des services de streaming et les aspirations » de ces créateurs. Si le but de Spotify ou de Deezer consiste bien à augmenter leur nombre d’abonnés et d’utilisateurs, la musique ne reste « qu’un produit d’appel » pour Apple, Amazon ou Google, d’après M. Sayegh.

Malgré une base d’utilisateurs croissante (524 millions d’abonnés payants dans le monde), les auteurs et les compositeurs ne s’y retrouvent pas financièrement. Le revenu moyen par client des plates-formes a chuté de 7 euros fin 2015 à 4,40 euros fin 2021. Cette dégringolade s’explique par la stabilité des prix d’abonnement fixés, selon les pays, à 9,99 euros ou 9,99 livres sterling (11,20 euros) depuis 2006, en dépit du poids élevé de l’inflation et de l’amélioration de l’offre.

Celle-ci passe par la croissance exponentielle du nombre de chansons disponibles et une multiplication des nouveaux services. Mais, surtout, le nombre d’abonnés individuels qui paient le prix fort s’érode au profit des offres familiales ou destinées aux étudiants, bien moins chères. C’est là où le bât blesse.

Aujourd’hui, 30 % du chiffre d’affaires généré par le streaming est reversé aux plates-formes, 55 % aux maisons de disques et à leurs artistes, et 15 % aux auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. Selon cette clé de répartition, et dans le cas d’un abonnement au prix fort, un million de streams générait en 2021, 1 910 euros, à répartir entre auteurs, compositeurs et éditeurs. « Ils sont en moyenne quatre par chanson », précise David El Sayegh. Chacun empoche donc 477 euros. Cette manne se réduit à 260 euros par auteur avec un abonnement famille, 201 euros pour l’option étudiant et 50 euros pour le système de très loin le plus utilisé, à savoir l’offre gratuite financée par la publicité.

Le directeur général adjoint de la Sacem rappelle qu’au Royaume-Uni, le marché musical le plus important du champ d’étude, moins de 1 700 artistes atteignaient en 2020 le fameux cap du million de streams par mois. Hormis une hausse des rémunérations, l’étude suggère davantage de transparence dans le fonctionnement des algorithmes, la mise en place d’outils destinés à mieux découvrir les auteurs ou encore une promotion ad hoc des œuvres européennes.

Source: lemonde.fr

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