« Après le scandale des Ehpad, assurons-nous du bien-être des bébés accueillis »

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Tribune. Le scandale des mauvais traitements infligés à nos aînés dans certains établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) bouleverse. Une logique de privatisation associée à un manque de contrôle sérieux, un personnel insuffisant en nombre et en qualification ont induit prévisiblement des pratiques tout à fait intolérables dans l’accueil de personnes dépendantes. Chacun comprend qu’il appartient à l’Etat de revoir le mode de fonctionnement et de régulation des Ehpad.

A l’heure d’une prise de conscience sur les abus envers des personnes âgées vulnérables, n’est-il pas temps de nous assurer du bien-être des bébés accueillis, également fragiles et dépendants ? Dans les modes d’accueil des tout-petits, l’enjeu est celui de la dignité ou du respect, mais aussi celui des conditions favorisant leur bon développement. A l’instar de l’accueil des anciens dans les Ehpad, l’Etat est attendu pour mettre en place un entourage par des personnels qualifiés, des réglementations et des modes de contrôle garantissant cet accueil de qualité pour les bébés.

Or les récentes orientations des réformes – issues de l’ordonnance du 19 mai 2021 relative aux services aux familles – instaurées par le gouvernement sur les modes d’accueil inquiètent car elles conduisent immanquablement vers une dégradation, rappelant celle qui touche les Ehpad, de la qualité et de l’éthique nécessaire à cet accueil. Tout d’abord, l’exigence en matière de normes est singulièrement réduite. La récente réforme permet désormais qu’un adulte accueille un groupe de six petits bébés en crèche, à comparer au taux d’un adulte pour quatre enfants en Allemagne et d’un pour trois au Danemark. Toujours d’après ces nouvelles normes, les structures d’accueil sont de surcroît autorisées à accueillir chaque jour 15 % d’enfants en surnombre, selon nos calculs, durant une large partie de la journée, dans des locaux aux surfaces inchangées.

Et pour faire bonne mesure, le gouvernement prévoit à ce jour à titre expérimental de confier le contrôle de la qualité des structures à leur principal cofinanceur, les caisses d’allocations familiales (CAF). Il est dès lors à craindre qu’elles ne privilégient la rationalisation des coûts sur la qualité humaine, d’autant plus que les CAF ne disposent pas des professionnels compétents en santé ou en éducation pour la petite enfance. Dans ces conditions, qui portera un jugement expert sur les projets d’accueil, éducatifs et sociaux des futures crèches comme sur leur compatibilité avec les besoins de développement et d’épanouissement de très jeunes enfants et de leur famille ?

Source: lemonde.fr

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