« Adieu les cons est une tragédie burlesque » : rencontre avec Albert Dupontel

L'acteur et réalisateur Albert Dupontel à Tel Aviv (Israël) le 14 mars 2018 pour la présentation de son film "Au revoir là-haut"
L’acteur et réalisateur Albert Dupontel à Tel Aviv (Israël) le 14 mars 2018 pour la présentation de son film « Au revoir là-haut » (JACK GUEZ / AFP)

Adieu les cons c’est l’histoire de Suze Trappet, interprétée par Virginie Efira, qui apprenant qu’il lui reste peu de temps à vivre, part à la recherche de l’enfant qu’elle a été forcée d’abandonner. Cette quête va lui faire rencontrer JB (Albert Dupontel), quinquagénaire en plein burn out, et M. Blin (Nicolas Marié), archiviste aveugle décalé…

Albert Dupontel voulait faire de ce 7e film en tant que réalisateur une « tragédie burlesque. » Au moment du tournage, raconte-t-il, la fin est encore incertaine dans sa tête. Il garde en mémoire cette empathie ressentie en regardant évoluer tous les personnages avant de trancher : « J’ai cherché à les sauver coûte que coûte, j’ai tourné d’autres fins et puis cette fin implacable est revenue s’installer assez logiquement comme pièce de puzzle cohérente et je dois beaucoup ça à Nicolas et à Virginie. »

Gaumont

« Vivre, c’est une affaire de solitude »

Pour Albert Dupontel, il n’y a pas de message dans ses films : « lI y a d’abord une envie de distraire. Si tant est qu’il y ait un ‘message’ c’est la difficulté de s’aimer dans un monde que je trouve répressif et anxiogène. » Et solitaire, pourrait-il ajouter : « Vivre c’est une affaire de solitude, on naît seul et on meurt seul quoiqu’on fasse. Cette solitude, on essaie de l’oublier. Alors on se raconte, on dénature nos natures pour participer au système collectif. »

L’époque est très connectée mais très sourde aussi. Chacun s’occupe de lui finalement. Je trouve que l’époque est très narcissique.

Albert Dupontel

à franceinfo

Et il va plus loin, en dénonçant aussi un système scolaire qui formate et ne l’a pas compris : « C’est la grande tragédie de l’école, elle cherche un moule particulier alors que l’individu est bien plus compliqué, bien plus sophistiqué, bien plus intelligent que ce qu’on essaie d’en faire » . Probablement hyperactif, il se souvient de la fois où on lui scotche les lèvres à l’école parce qu’il parle trop en CP. Il confie au micro d’Elodie Suigo que c’est un réel traumatisme pour lui et en tire qu’une seule leçon : « L’autorité de l’adulte sur l’enfant n’apprend qu’une chose à l’enfant : c’est la violence, et ça nous conditionne beaucoup. Je m’intéresse beaucoup à ces causes-là parce que mes déviances d’adulte, indiscutablement, viennent de grosses carences pédagogiques. »

« Je comprends beaucoup plus la réalité dans le cinéma que dans la vraie vie »

Son père est médecin et sa mère dentiste et lui, « étudiant médiocre » se destine à marcher dans les traces de son père. Mais à la suite d’un stage en neurochirurgie non validé, il frappe à la porte d’un cours de théâtre « par curiosité ». Bonne pioche : « Je me rappelle m’être dit au bout de deux jours ‘Mais c’est légal ce métier ?’ tellement je trouvais ça bien ». Il tourne son premier film, Bernie, en 1996 : « Une éructation filmique », dit-il. En tout cas un film hors norme, qui désarçonne son père : « Quand il a vu Bernie m’a demandé : ‘Qu’est-ce que je t’ai fait ?' »

Cela fait 30 ans que je suis dans un casino qui s’appelle le cinéma et j’envoie des dés. Alors parfois je trouve des bonnes pioches et parfois ce n’est pas terrible mais à chaque fois, je lance les dés avec beaucoup d’enthousiasme.

Albert Dupontel

à franceinfo

Son prochain film, Albert Dupontel l’a déjà en tête. Mais le processus est long avant qu’une idée se concrétise sur l’écran : « C’est ce qu’il y a de plus difficile à faire, l’histoire. »

Source: francetvinfo.fr
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