Mystérieux péritios : les astronomes face au piège de l’interprétation

Après avoir permis la détection des premiers sursauts radio rapides, les données d’un radiotélescope australien semblaient recéler une découverte encore plus excitante. Durant quatre ans, les scientifiques ont multiplié les hypothèses.

Observatoire de Parkes

L’observatoire de Parkes, en Australie, a enregistré en 2001 le premier sursaut radio rapide jamais identifié.

DAVID NUNUK/ SCIENCE PHOTO LIBRARY / SUCRÉ SALÉ

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir – La Recherche n°907, daté septembre 2022. 

Surnommé l’Assiette (The Dish), le radiotélescope de Parkes, en Australie, a connu ses heures de gloire. Il a participé à la retransmission des premiers pas sur la Lune en 1969. Surtout, il a enregistré en 2001 le premier sursaut radio rapide (FRB) jamais identifié, en provenance du Petit Nuage de Magellan. Il faudra toutefois attendre 2007 pour que cet événement soit décelé grâce à l’analyse de données d’archives. D’autres données plus anciennes de l’observatoire sont alors disséquées.

C’est ainsi qu’en 2011, Sarah Burke-Spolaor, professeure à l’Université de Virginie-Occidentale (États-Unis), met le doigt sur une série d’étranges bouffées d’ondes radio de quelques millisecondes enregistrées depuis 1998. Ces événements sont similaires aux FRB, mais semblent parvenir de toute la voûte céleste. Le télescope de Parkes utilise en effet un récepteur comportant 13 pixels, chacun d’entre eux correspondant à une région du ciel. Une impulsion d’ondes en provenance d’un astre lointain n’apparaît normalement que dans un seul pixel. Mais les nouveaux signaux de Parkes apparaissaient, eux, dans les 13 pixels à la fois !

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir – La Recherche n°907, daté septembre 2022. 

Surnommé l’Assiette (The Dish), le radiotélescope de Parkes, en Australie, a connu ses heures de gloire. Il a participé à la retransmission des premiers pas sur la Lune en 1969. Surtout, il a enregistré en 2001 le premier sursaut radio rapide (FRB) jamais identifié, en provenance du Petit Nuage de Magellan. Il faudra toutefois attendre 2007 pour que cet événement soit décelé grâce à l’analyse de données d’archives. D’autres données plus anciennes de l’observatoire sont alors disséquées.

C’est ainsi qu’en 2011, Sarah Burke-Spolaor, professeure à l’Université de Virginie-Occidentale (États-Unis), met le doigt sur une série d’étranges bouffées d’ondes radio de quelques millisecondes enregistrées depuis 1998. Ces événements sont similaires aux FRB, mais semblent parvenir de toute la voûte céleste. Le télescope de Parkes utilise en effet un récepteur comportant 13 pixels, chacun d’entre eux correspondant à une région du ciel. Une impulsion d’ondes en provenance d’un astre lointain n’apparaît normalement que dans un seul pixel. Mais les nouveaux signaux de Parkes apparaissaient, eux, dans les 13 pixels à la fois !

Cela n’est possible que s’ils émanent de l’environnement terrestre. Sarah Burke-Spolaor leur attribue alors le nom de « perytons » (péritios en français) : des animaux imaginaires hybrides entre l’oiseau et le cerf qui projettent une trompeuse ombre humaine. « Nous soupçonnions que leur origine était liée à des sortes d’interférences électroniquesd’origine humaine ou des éclairs dans l’atmosphère, se souvient Emily Petroff, astrophysicienne à l’Université d’Amsterdam (Pays-Bas). L’ennui, c’est qu’à une époque où personne n’était sûr de la réalité des sursauts radio rapides, la découverte des péritios a également remis en question leur existence.« 

Le mystère des fours à micro-ondes

Au cours des années 2011 à 2015, l’observatoire de Parkes détecte de plus en plus de sursauts radio rapides… et de péritios. Il est d’ailleurs l’un des deux seuls observatoires du monde à observer les seconds, avec celui de Bleien, en Suisse. « Avec une plus grande population de chaque type de source, nous avons commencé à les comparer et à chercher des tendances, raconte Emily Petroff, alors chargée de découvrir leur origine. Nous avons remarqué que tous les péritios étaient captés pendant les heures de travail au télescope, et qu’ils atteignaient un pic particulier vers 12 h-13 h. « 

L’observatoire s’équipe alors d’un instrument de recherche des interférences de fréquence radio. Très vite, cela permet de constater que chaque détection d’un péritio s’accompagne d’une rafale d’interférences dans la gamme de fréquences radio communément associée à l’électronique, notamment au Wi-Fi, aux téléphones portables et aux fours à micro-ondes. « Or si le site n’avait ni Wi-Fi ni téléphones portables, il avait bien des fours à micro-ondes, explique la jeune chercheuse. Notre enquête a ensuite nécessité de nombreux essais. Finalement, nous avons réussi à créer des péritios en ouvrant prématurément la porte du four à micro-ondes alors qu’il était en marche. C’était le moment ‘eurêka’ : une réponse si simple à une question qui se posait depuis des années ! Le mystère des péritios était résolu et il était possible d’affirmer que les sursauts radio rapides extragalactiques étaient eux bien réels !  » De fait, le FRB de 2001 a quant à lui été enregistré à 5 h 50 min, avant le premier café du matin.

Source: Sciencesetavenir.fr
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