Municipales 2020: la drôle de campagne évincée par l’actualité

POLITIQUE – Où est donc passée la campagne des municipales? À deux semaines du premier tour, c’est à se demander si les électeurs savent qu’ils peuvent aller voter pour choisir leur futur maire les 15 et 22 mars prochains.

Car l’actualité nationale, depuis plusieurs semaines, est dominée par bien d’autres sujets. Entre l’affaire Griveaux, le coronavirus et la réforme des retraites, les municipales passent, au niveau national, au dernier plan.

 

Les Français parlent d’abord du Coronavirus et des retraitesJean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion d’Harris Interactive

“Quand on demande aux Français de nous parler de ce qui les marque au quotidien, ils parlent beaucoup du coronavirus, un peu des retraites et un tout petit peu des élections municipales”, confirme, au HuffPost, Jean-Daniel Levy, directeur du département politique et opinion de l’institut de sondages Harris Interactive.

L’affaire Griveaux qui éclate le 14 février, soit un mois avant le premier tour, concernait pourtant au premier chef la campagne des municipales parisienne, puisqu’elle conduit à la démission surprise du candidat LREM, remplacé au pied levé par l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn. Mais c’est surtout l’onde de choc, les conséquences politiques et judiciaires d’une affaire rocambolesque et la polémique autour de “l’abandon de poste” de la ministre en pleine crise du coronavirus qui émeut l’opinion et la presse.

La poule ou l’œuf

Fin février, c’est l’arrivée du virus venu de Chine qui concentre les peurs et les attentions. La presse est plus occupée à compter les cas et à observer les dispositifs mis en place par le pouvoir politique qu’à décrypter les campagnes en cours et l’opinion se préoccupe des mêmes choses. “C’est toujours l’histoire de la poule ou de l’œuf”, remarque, dans un clin d’œil, Jean-Daniel Lévy.  

Quant au débat sur les retraites qui se poursuit non sans mal à l’Assemblée nationale, il n’aide pas à focaliser l’attention sur les campagnes locales qui se jouent partout en France. “La presse locale en parle beaucoup tout de même, elle parle plus des élections municipales que des retraites, en revanche le coronavirus retient évidemment toute l’attention”, observe pour Le HuffPost le député socialiste Boris Vallaud. “J’essaie de suivre tant bien que mal les municipales”, confiait cette semaine la vice-présidente de l’Assemblée nationale, Annie Genevard, souvent mobilisée au perchoir pour arbitrer un débat tendu sur fond d’obstruction parlementaire.

Ferrand conseille de faire des procurations

Le président de l’Assemblée nationale lui-même, Richard Ferrand, a annoncé en conférence des présidents qu’il avait fait des procurations pour les deux tours des élections municipales. “C’était sous forme de boutade, pour expliquer que nous sommes prêts au débat jusqu’au bout”, explicite son entourage. Il n’empêche, mobilisés dans l’hémicycle au moins jusqu’à mardi prochain et pourquoi pas jusqu’au premier tour des élections, de nombreux députés se voient ainsi privés de faire campagne au côté de leurs candidats.

“LREM menace de siéger pendant la suspension normalement due à la campagne, ce qui nous priverait d’une présence sur le terrain qui est un temps de démocratie très utile”, regrette Annie Genevard. Elle conseille, avec son groupe LR, de reporter les débats des retraites après le scrutin, une fois que les résultats de la conférence de financement seront connus. “Les députés sont des acteurs de la vie politique. Leur présence est aussi sur le terrain. Les priver de ce temps, ce n’est pas normal”, juge la députée du Doubs. 

 

Ils n’ont pas de candidats et pas d’ancrage donc le débat sur les retraites peut continuer!Une source parlementaire d’opposition

“Eux, dans le nouveau monde, ils n’ont pas de candidats et pas d’ancrage, donc le débat peut continuer. Mais nous, de l’ancien monde, on veut soutenir nos maires, faire des actions. Ils mobilisent des parlementaires expérimentés loin de leurs bases”, dénonce, dans le même sens, une source parlementaire d’opposition. 

″Ça les arrange qu’on n’en parle pas vu qu’ils vont se prendre une raclée”, poursuit cette source. “Il y aura une défaite, on le sait, reste à savoir de quelle nature”, résume, en termes plus policés, le sondeur Jean-Daniel Lévy. 

Emmanuel Macron a déjà prévenu: à ses yeux, les élections municipales “ne sont pas des élections nationales”, disait-il, lors de ses vœux à la presse en janvier, manière de se dédouaner à l’avance d’un mauvais résultat. Mais au-delà d’une possible défaite que la plupart des sondages annoncent déjà, prévoyant LREM en quatrième position derrière, sans ordre d’arrivée, le PS, LR, les écologistes ou le RN, c’est aussi un scrutin inédit qui se joue et qui complique encore l’attention des électeurs et les lectures nationales des enjeux et des résultats.

Pour la première fois, le parti au pouvoir n’a pas de candidats sortants dans des élections intermédiaires. LREM part de zéro avec aucun conseiller municipal sortant puisque le parti d’Emmanuel Macron a été fondé après le dernier scrutin en 2014. “La tension qui existe en général autour du vote sanction n’est pas palpable dans ce scrutin”, note en ce sens Jean-Daniel Lévy, “Il y aura une forme de vote sanction, mais aucune force ne pourra dire je suis la nouvelle opposition à Macron”, prévient le sondeur. 

En raison d’un éclatement des listes et des alliances à géométrie variable dans la plupart des villes. Le PS et LR font figure de sortants, mais sont par endroit soutenu par LREM, elle-même n’ayant que peu de listes indépendantes et une gauche qui parfois s’unit avec une forte poussée écologiste. Un gigantesque champ de ruines politiques en recomposition pour un scrutin qui sera surtout résolument local.  

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Source: huffingtonpost.fr

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