La masse des objets créés par l’humain est sur le point de dépasser la biomasse

La masse des objets artificiels créés par les humains est en train de dépasser la masse d’êtres vivants sur Terre.

La masse des objets artificiels créés par les humains

La masse des objets artificiels créés par les humains est en train de dépasser la biomasse.

Pixabay

Il faut s’imaginer une balance avec d’un côté, la biomasse, c’est-à-dire les arbres, les animaux, tous les objets naturels issus du vivant. De l’autre côté de la balance, les objets artificiels créés par l’humain, les bâtiments, les routes ou encore les déchets. Cette balance a longtemps penché en faveur de la biomasse. Mais aujourd’hui, un basculement est en train de s’opérer et la balance, qui était passée à l’équilibre, commence désormais à pencher du côté des objets artificiels. En effet, les humains créent des choses plus rapidement que la nature ne peut produire de biomasse. C’est le constat réalisé par une équipe israélienne de l’Institut Weizman des Sciences et publiée dans la revue Nature.

Biomasse et masse anthropique

Dans leur étude, les chercheurs désignent par le terme « masse anthropique » toute la masse d’objets solides inanimés fabriqués par les humains. Ces objets proviennent « des flux de matière du milieu naturel vers le système socio-économique« , comme une maison fabriquée à partir de béton, qui lui-même est issu de gravier, de sable, de ciment ou d’argile. Des matières d’abord naturelles transformées en objets artificiels.

Dans ces travaux, la biomasse comprend, elle, la matière organique d’origine végétale (comme les arbres, l’herbe, les fleurs), animale, bactérienne et fongique (les champignons). Les auteurs précisent qu’ils ont également ajouté les terres cultivées (comme les rizières ou les champs de foin) ainsi que le bétail, même si elles servent à des fins humaines.

Un possible basculement en 2020

2020 pourrait être l’année durant laquelle les objets fabriqués par les humains l’emportent sur la biosphère. L’étude explique qu’en 1900, la masse des objets fabriqués par l’Homme ne représentait que 3% de la masse totale de tous les êtres vivants (la biomasse). D’ici à 2040, la masse des objets artificiels devrait représenter trois fois celle de la biomasse. La masse des êtres vivants sur Terre est toujours restée à peu près la même depuis les années 1900. Mais les objets fabriqués par les humains ont, eux, doublé environ tous les 20 ans. La plus grande vague d’objets artificiels se serait produite après la Seconde Guerre mondiale au cours d’une période de consommation accrue et de développement urbain.

« Le changement progressif de constructions majoritairement faites de briques vers des constructions en béton est très net. Ce basculement s’est opéré au milieu des années 1950. Idem pour l’apparition de l’asphalte, qui a supplanté les pavés à partir des années 1960« , explique l’étude. « La masse des constructions faites par l’humain ne provient pas du stock de biomasse mais du stock de roches et de minéraux. Ce faisant, l’humanité convertit les dépôts géologiques proches de la surface en une forme socialement utile, avec de larges implications pour les habitats naturels, la biodiversité et divers cycles climatiques et biogéochimiques. »

Plus d’infrastructures que d’arbres, plus de plastiques que d’animaux

Il y a plus d’infrastructures que d’arbres et plus de plastique que d’animaux. Crédit photo : Nature

La majeure partie de la masse artificielle se trouve dans les infrastructures, telles que les bâtiments et les routes, tandis que les arbres et les arbustes représentent 90% de la biomasse. L’équipe estime qu’il y a 1.100 gigatonnes (Gt) de bâtiments et 8 Gt de plastique sur la planète, contre 900 Gt d’arbres et 4 Gt d’animaux, humains compris. « Les deux catégories de masse dominantes dans notre analyse sont les bâtiments et les infrastructures (composées de béton, de granulats, de briques et d’asphalte) et les arbres et arbustes (la majorité de la masse végétale et, par conséquent, de la biomasse globale). »

Il est impossible de dire exactement quand la masse artificielle a dépassé ou dépassera la biomasse, mais l’équipe estime que ce changement a ou aura lieu probablement entre 2014 et 2026. « Le timing exact dépend de la définition que l’on prend de la biomasse, selon que l’on prenne en compte la biomasse sèche [le bois et les écorces, ndlr] ou la biomasse humide [les déchets agricoles, agro-alimentaires et urbains]. » Si cette date n’est pas exacte, l’étude permet en tout cas de mieux quantifier l’impact de l’humain sur la planète.

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Source: Sciencesetavenir.fr
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