Coronavirus: ce que dit la courbe du nombre de cas en France, Italie et Espagne

SCIENCE – Les mesures drastiques, notamment le confinement, prises contre le coronavirus Sars-Cov2 en Europe commencent-elles à montrer leur efficacité? Il est bien trop tôt pour être définitif, mais le décompte quotidien du nombre de cas et de morts peut permettre d’y voir un peu plus clair, si l’on prend un peu de recul.

Ce lundi 30 mars, la France a recensé 4376 nouveaux cas confirmés de Covid-19, portant le total à 44.550, et 418 nouveaux décès, portant le nombre officiel de morts depuis le début de l’épidémie à 3024. Un bilan qu’il convient d’analyser dans son contexte. Et l’une des manières de le faire est de comparer les courbes du nombre de cas et de morts avec nos voisins, l’Italie et l’Espagne.

Dans les graphiques ci-dessous, nous avons mis en perspective les bilans quotidiens en France avec ces deux pays durement touchés. Évidemment, ces chiffres sont à prendre avec des pincettes. Les cas officiels sont logiquement limités, car les tests ne sont pas automatiques (ils sont réservés aux personnes à risque), une politique qui peut différer d’un pays à l’autre. Mais c’est l’évolution qu’il faut regarder.

Pour mieux voir l’évolution de la courbe épidémique, exponentielle, nous avons choisi de mettre ces trois pays sur un pied d’égalité. Pour les cas confirmés, en commençant à compter du jour où la barre des 100 personnes infectées a été dépassée. Le 23 février pour l’Italie, le 29 février pour la France et le 2 mars pour l’Espagne. Pour le nombre de morts, le schéma est similaire, mais en commençant le graphique à partir du cap de 10 décès. Le 26 février en Italie, le 8 mars en France et le 10 mars en Espagne.

Ce qui est clair, c’est que l’épidémie explose dans les trois pays. Mais ce qui est le plus intéressant ici, c’est la petite inclinaison que l’on peut voit pour l’Italie, où la courbe est de plus en plus droite. Ce que l’on souhaite, c’est qu’elle s’aplatisse entièrement, ce qui voudrait dire qu’il n’y aura presque plus de nouveaux cas.

Pour le voir plus clairement, il faut regarder le nombre de cas quotidien, plutôt que le cumul. Dans le graphique ci-dessous, on voit que depuis 4 jours, ce chiffre baisse régulièrement en Italie. Le 26 mars, 6203 cas de Covid-19 étaient enregistrés. Ce lundi 30 mars, ils ne sont que 4050, le chiffre le plus bas depuis le 18 mars.

En Espagne aussi, le nombre de cas baisse depuis trois jours. En France, malgré une baisse dimanche 29 mars, le nombre de cas est revenu au niveau du samedi 28 mars, plus haut enregistré depuis le début de l’épidémie.

Ces plateaux que l’on distingue en Italie et un peu en Espagne sont scrutés avec attention par les autorités et chercheurs. Ils pourraient être le signe d’une stabilisation de l’épidémie. En clair, que le pic est passé et que les stratégies de confinement ont porté leurs fruits.

L’impact du confinement ?

Logiquement, cette stagnation arrive plusieurs jours après la prise de mesures: “Il faut prendre en compte la période d’incubation et le délai après l’apparition de symptômes avant que le patient se rende à l’hôpital”, précise au HuffPost Jean-Stéphane Dhersin, chercheur au CNRS et mathématicien à l’université Sorbonne Paris Nord, spécialiste en modélisations des épidémies.

En Italie, le pic, s’il n’y a pas de nouvelle explosion, aurait eu lieu 17 jours après le début du confinement et en Espagne, 11 jours après. Ce lundi 30 mars, la France a mis en place le confinement depuis 13 jours. En Chine, il a fallu 10 à 15 jours après les mesures prises, le 23 janvier, pour que le pic épidémique soit visible.

La courbe du nombre de morts, elle, stagne aussi un peu en Italie et en Espagne, alors que la France a connu son plus grand nombre de décès quotidien depuis le début de l’épidémie. Mais la France est un peu en dessous de ses voisins, notamment de l’Espagne.

Il faut pour autant rappeler que le décompte des décès cache lui aussi des incertitudes. En France, seuls sont comptabilisés les décès dans les hôpitaux. Des biais qui ne sont pas limités à la France: en Espagne aussi, les morts dans les maisons de retraite ne sont certainement pas tous comptés, rapporteCourrier International.

Surtout, le délai entre l’entrée en vigueur des mesures des gouvernements et les décès est encore plus long. Il dépend également de la capacité hospitalière du pays.

“Le signal décès est inadapté, car on ne meurt pas tout de suite”, estime Jérôme Salomon. De plus, “la démographie italienne et française ne sont pas les mêmes, les régions touchées également”, explique le directeur général de la Santé, qui ne souhaite pas comparer les courbes de différents pays.

 Mais logiquement, si la courbe des cas confirmés continue de s’aplatir, celle des décès devrait finir par suivre. Espérons que ce soit au plus vite.

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Source: huffingtonpost.fr

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