Un mammifère vieux de 66 millions d’années découvert à Madagascar

Son fossile est le plus complet jamais découvert dans l’hémisphère Sud.

Adalatherium hui

Représentation artistique d’un Adalatherium hui qui vivait à Madagascar, il y a 66 millions d’années.

Andrey Atuchin

Le registre fossile des mammifères du Mésozoïque (de -252 à -66 millions d’années) provenant du Gondwana, le supercontinent qui occupait l’hémisphère Sud, est beaucoup moins fourni que celui de la Laurasie, le supercontinent au nord de l’équateur. Les gondwanathériens sont un des groupes de mammifères de l’hémisphère Sud mais ils n’étaient connus jusqu’à présent que par quelques rares fossiles comprenant des dents, des parties de mandibules et un crâne unique, découvert en 2014 à Madagascar. L’île Rouge livre aujourd’hui un fossile bien plus complet qui révèle toutes les particularités inédites de ces drôles d’animaux.

Un gros blaireau pesant dans les trois kilos

Les nouveaux restes ont été découverts par une équipe internationale dirigée par David Krause du Denver Museum of Nature and Science. Ils se composent d’un squelette très complet comprenant une partie du crâne, un grand nombre de vertèbres du tronc et de la queue qui est courte et large et des gros os des pattes. De petits os et du tissu cartilagineux ont également été conservés sur la matrice portant les ossements. L’étude du fossile a conduit les spécialistes à identifier une nouvelle espèce de gondwanathériens baptisée Adalatherium hui, une combinaison de grec et de malgache signifiant « bête folle ». L’animal découvert correspond sans doute à un spécimen subadulte qui aurait eu l’apparence d’un gros blaireau pesant dans les trois kilos, ce qui en fait le plus gros mammifère connu du Mésozoïque dans le Gondwana. Il vivait il y a 66 millions d’années et à l’époque la plupart des autres mammifères connus ne dépassaient pas la taille d’une grosse souris.

Le fossile d’Adalatherium hui dans sa gangue de pierre. Crédit : Marylou Stewart

Si l’aspect extérieur de l’animal, hormis sa grande taille sans doute imputable à son existence insulaire, n’a rien de surprenant, son anatomie a interpellé les chercheurs. « En connaissant les squelettes des mammifères vivants et disparus, il est difficile d’imaginer comment il a bien pu évoluer. Il brise de nombreuses règles », souligne David Krause, dans un communiqué. Ainsi son museau présente des caractéristiques qui n’avaient pas été observées depuis 100 millions d’années dans la lignée menant aux mammifères modernes. Son visage est également surprenant avec des foramens (trous dans l’os laissant le passage aux nerfs et aux vaisseaux) en très grand nombre dont un immense juste au-dessus du museau qui n’a pas d’équivalent chez les autres mammifères connus, vivants ou éteints. Tout comme ses dents qui ne ressemblent à aucune autre.

Drôle de locomotion

Les bizarreries d’Adalatherium ne s’arrêtent pas là, elles font d’ailleurs l’objet d’une étude publiée dans la revue Nature. On y note aussi que la « bête folle » possédait une épine dorsale avec plus de vertèbres que n’importe quel mammifère du mésozoïque et que l’un de ses os de sa patte antérieure était étrangement incurvé. Comprendre comment elle se déplaçait reste encore une gageure : « ses pattes avant nous racontent une histoire différente de son extrémité arrière« , indique Simone Hoffmann, du New York Institute of Technology. A priori, Adalatherium pouvait creuser, il était sûrement capable de courir et il pouvait aussi avoir opté pour d’autres formes de locomotion à découvrir.

Pour mieux comprendre la place de cet animal dans l’écosystème de Madagascar, il y a 66 millions d’années et alors qu’il vivait entouré de dinosaures et de crocodiliens particulièrement massifs, il faudra continuer les fouilles sur l’île Rouge ainsi que dans tous les dépôts recelant de fossiles du Gondwana.

Source: Sciencesetavenir.fr
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