Un coup de pression peut surmotiver ou paralyser, en fonction de l’anxiété

Chez les individus anxieux, un stress aigu peut faire chuter les performances, là où les non-anxieux gagneront au contraire en motivation, concluent des chercheurs dans une étude sur les rats.

Cerveaux

L’anxiété est un trouble qui touche 21% des adultes, et jusqu’à deux fois plus de femmes que d’hommes, d’après l’Inserm.

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Le stress aigu est-il stimulant ou paralysant ? Les deux, répondent des chercheurs dans une étude sur les rats publiée dans Science Advances. Chez les rats, le stress aigu – contrairement au stress chronique, toujours handicapant – rend les individus peu anxieux plus performants, et fait au contraire plonger les capacités des rats anxieux de nature. Ces résultats mettent en lumière les bases physiologiques par lesquelles l’anxiété est lié à la motivation sous la pression, et comment nous pourrions en tirer parti sur le plan thérapeutique. 

Le lien entre stress aigu et motivation est peu clair 

Si je te mets la pression, c’est pour que tu donnes le meilleur de toi-même”, entend-on parfois dans le contexte familial, scolaire ou professionnel. Mais cette stratégie pourrait bien ne pas être adaptée à tout le monde. L’impact du stress sur la motivation, c’est-à-dire le processus qui permet de surmonter le coût d’une action pour atteindre un résultat souhaité, est mal connu. “Contrairement au consensus selon lequel le stress chronique et les psychopathologies liées au stress sont caractérisés par une motivation altérée, les résultats concernant les effets du stress aigu sur la motivation sont mitigés”, expliquent les chercheurs européens dans la publication. Après un coup de stress, certaines études montrent une amélioration des performances, quand d’autres voient au contraire une altération de la motivation ou une absence d’effet. “Les qualités motivantes positives du stress aigu ont été à peine reconnues et sont beaucoup moins comprises” que ses conséquences négatives, ajoutent les auteurs. 

Sous stress, la motivation baisse chez les rats anxieux et augmente chez les autres 

Leur démonstration se fait sur des rats qui, comme les humains, ont différents profils d’anxiété. « Nous nous sommes basés sur cette variation naturelle pour sélectionner une population de rats très anxieux et un autre ensemble présentant des traits d’anxiété faibles », explique dans un communiqué Carmen Sandi, qui a dirigé ces travaux. Tous entraînés à accomplir une tâche précise (comme appuyer sur un levier), les rats de l’étude ont les mêmes performances en situation normale. Mais après avoir été placés un quart d’heure sur une plateforme en hauteur, source importante de stress, les résultats des rats anxieux plongent, tandis que ceux des rats peu anxieux augmentent de façon significative. 

L’existence d’une variabilité individuelle dans les réponses comportementales et cognitives au stress a déjà été observée dans d’autres domaines que la motivation, observent les chercheurs.

Le stress aigu est-il stimulant ou paralysant ? Les deux, répondent des chercheurs dans une étude sur les rats publiée dans Science Advances. Chez les rats, le stress aigu – contrairement au stress chronique, toujours handicapant – rend les individus peu anxieux plus performants, et fait au contraire plonger les capacités des rats anxieux de nature. Ces résultats mettent en lumière les bases physiologiques par lesquelles l’anxiété est lié à la motivation sous la pression, et comment nous pourrions en tirer parti sur le plan thérapeutique. 

Le lien entre stress aigu et motivation est peu clair 

Si je te mets la pression, c’est pour que tu donnes le meilleur de toi-même”, entend-on parfois dans le contexte familial, scolaire ou professionnel. Mais cette stratégie pourrait bien ne pas être adaptée à tout le monde. L’impact du stress sur la motivation, c’est-à-dire le processus qui permet de surmonter le coût d’une action pour atteindre un résultat souhaité, est mal connu. “Contrairement au consensus selon lequel le stress chronique et les psychopathologies liées au stress sont caractérisés par une motivation altérée, les résultats concernant les effets du stress aigu sur la motivation sont mitigés”, expliquent les chercheurs européens dans la publication. Après un coup de stress, certaines études montrent une amélioration des performances, quand d’autres voient au contraire une altération de la motivation ou une absence d’effet. “Les qualités motivantes positives du stress aigu ont été à peine reconnues et sont beaucoup moins comprises” que ses conséquences négatives, ajoutent les auteurs. 

Sous stress, la motivation baisse chez les rats anxieux et augmente chez les autres 

Leur démonstration se fait sur des rats qui, comme les humains, ont différents profils d’anxiété. « Nous nous sommes basés sur cette variation naturelle pour sélectionner une population de rats très anxieux et un autre ensemble présentant des traits d’anxiété faibles », explique dans un communiqué Carmen Sandi, qui a dirigé ces travaux. Tous entraînés à accomplir une tâche précise (comme appuyer sur un levier), les rats de l’étude ont les mêmes performances en situation normale. Mais après avoir été placés un quart d’heure sur une plateforme en hauteur, source importante de stress, les résultats des rats anxieux plongent, tandis que ceux des rats peu anxieux augmentent de façon significative. 

L’existence d’une variabilité individuelle dans les réponses comportementales et cognitives au stress a déjà été observée dans d’autres domaines que la motivation, observent les chercheurs. Le stress aigu augmente notamment la mémoire et l’apprentissage chez certains, ou les diminuent chez d’autres. De même sur la compétitivité sociale : le stress peut stimuler les comportements dominants de certains individus, tandis que chez d’autres il entraînera la subordination. Cette nouvelle étude démontre la même chose sur la motivation. « Le stress aigu affecte les adaptations motivationnelles de manière opposée pour les individus des deux côtés du spectre de l’anxiété, c’est-à-dire qu’il « stimule » la faible anxiété alors qu’il « inhibe » la pulsion chez les individus anxieux”, concluent les auteurs. 

Une hormone du stress qui agit sur la zone cérébrale de la motivation 

Reste à comprendre quels sont les facteurs moléculaires qui lient l’anxiété à la motivation. Pour cela, les scientifiques se basent sur les observations chez les rats anxieux par rapport aux non-anxieux. Chez les premiers, ils observent qu’un récepteur (une protéine à la surface des cellules, vouée à reconnaître une molécule particulière) nommé CRHR1 est moins activé dans la zone cérébrale de la motivation, l’aire tegmentale ventrale. Sous stress, l’hormone CRH (corticolibérine) est produite, qui active CRHR1 en s’y fixant. Plus il y a de CRHR1 activés, plus les neurones libèrent de la dopamine, plus la motivation est forte.  

Eurêka ! En réitérant l’expérience avec des rats et des souris génétiquement modifiés de façon à ce que le seul critère qui les différenciait était la quantité de récepteurs CRHR1 présents, les chercheurs obtiennent les mêmes résultats. Sous stress, la plus grande quantité de CRHR1 dans l’aire tegmentale ventrale chez les rats peu anxieux permet d’augmenter fortement la production de dopamine essentielle à la motivation, concluent-ils. En revanche, la faible activation des récepteurs chez les rats anxieux “peut expliquer l’altération (de leurs) performances” après exposition au stress.  

Mieux traiter la dépression 

Cette reconnaissance d’une sensibilité variable à l’effort motivé sous stress peut aider « à améliorer la performance et la productivité au travail et dans les milieux éducatifs », suggèrent les chercheurs. Ces résultats pourraient également être utilisés pour mieux traiter la dépression.« La composante génétique ou héritabilité dans la dépression est estimée à 40 % ; cela signifie que des gènes de vulnérabilité, ou de protection, sont impliqués dans cette pathologie”, expliquait en 2021 une équipe française dans une publication. En 2020, la même équipe avait publié dans Nature des résultats montrant que CRHR1, entre autres, modulait l’action d’un antidépresseur (tianeptine). Il serait donc logique d’adapter l’utilisation d’antidépresseurs, dans la vie et dans les études cliniques, en fonction de ces variabilités individuelles. « Nos résultats montrent qu’il faut prendre en compte les traits individuels d’anxiété pour avoir une meilleure image des performances comportementales. Cela aidera certainement à développer des essais cliniques plus axés sur les profils génétiques et la variabilité de l’anxiété des individus, augmentant ainsi leurs chances de succès », conclut Carmen Sandi. 

Source: Sciencesetavenir.fr
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