Sur Mars, Perseverance chasse les traces organiques et semble sur la bonne voie

Les données envoyées par le rover sont décortiquées par de nombreuses équipes, qui poursuivent leurs analyses à distance des roches martiennes. Entre potentielles signatures organiques et traces d’eau, l’histoire de Mars est loin d’avoir livré tous ses secrets.

Perseverance, et deux trous dans le sol de Mars

En décembre 2022, Perseverance et les trous laissés au sol de Mars par ses forages.

NASA/JPL-Caltech

Depuis son atterrissage sur Mars en février 2021, le rover Perseverance explore le cratère d’impact Jezero. Son objectif : étudier le sol et les roches de la planète Rouge à la recherche d’éventuelles traces de vie. Les nombreux instruments dont il dispose (caméra, radar, spectromètre) lui permettent de récupérer différents types de données, qui sont ensuite passés au crible par des équipes de scientifiques internationaux. Des séries d’articles sont ainsi publiées par salve, comme fin novembre 2022 dans Science Advance.

Grâce à Persevernace, des études au long cours

Ces articles sont une suite logique de résultats déjà publiés à l’été 2022, comme explique à Sciences et Avenir Cathy Quantin-Nataf, professeur à l’Université Lyon-1 et chercheuse associée de la mission Mars 2020, qui n’a pas participé à ces études : « Il faut comprendre que ces missions sont des bijoux de technologie et les résultats très résumés des premiers papiers avaient besoin de documentations plus détaillées sur chaque instrument. Certains d’entre eux ont vu leur papiers sortir cet été, d’autres comme celui de SHERLOC (un spectromètre destiné à l’étude de la minéralogie et aux détections de composés organiques, NDLR) sortent seulement maintenant. Disons que les résultats de cette campagne de mesures sont sortis en deux fois ».

Ainsi, la détection de potentielles bio-signatures avait déjà été évoquée, mais une des ces publications vient fortement appuyer ces résultats, bien qu’il convienne d’être toujours prudent, comme le rappelle la chercheuse : « Il y a un signal atypique qui pourrait en effet être des composés organiques, ce qui a de grosses implications. Cela donne aussi une très forte valeur aux échantillons prélevés. Mais comme stipulé dans l’article, certains effets complexes (et peu étudiés) pourraient aussi expliquer ce signal. Il faut rester très prudent à mon avis. En tous cas, ce signal potentiellement organique ne se trouve que dans certaines associations de minéraux ». La question de la vie sur Mars est encore loin d’être réglée, et le retour des échantillons est indispensable pour en apprendre plus.

Analyses approfondies

Alors que début décembre 2022 le rover a récolté deux nouveaux échantillons, de poussière cette fois-ci, la mission qui doit rassembler les collectes de Perseverance pour les ramener sur Terre est évidemment attendus avec impatience par les scientifiques, afin de préciser les observations faites sur place. Elle est prévue pour 2033. « Les capacités d’analyse en laboratoire sont infinies. Par exemple, on pourra trancher sur la matière organique et même découvrir son origine (vie ou matière organique abiotique, sans lien avec le vivant). Et on pourra dater ces roches, c’est un élément fondamental pour contraindre la durée de l’eau liquide sur Mars et donc la fenêtre d’habitabilité de la planète ».

En attendant ces résultats, les chercheurs étudient tous les éléments à leur disposition pour en apprendre le maximum sur la planète Rouge et notamment son cycle de l’eau, malgré la limite évidente de n’avoir prélevé des données qu’à un seul endroit. Un des articles indique ainsi quelques étrangetés dans les roches de l’ancien lac, finalement très peu modifiées par l’eau : « On ne s’attendait pas à trouver des roches si préservées de l’action de l’eau, car elles s’altèrent très vite à son contact. Cela veut dire que soit le lac n’a pas fonctionné longtemps, soit ces roches ont été très vites recouvertes par une couche imperméable » indique Cathy Quantin-Nataf. Un mystère de plus qui pose de nouvelles contraintes à une potentielle apparition de la vie…

Magma ancien

C’est peut être en termes de géologie que les résultats impressionnent le plus, dans la continuité des publications de cet été. Les roches provenant de l’ancien lac sont en fait des roches issues du magmatisme, dont la présence en surface est une surprise. « On en trouve dans les météorites martiennes, mais on pense qu’elles représentent des roches présentes en profondeur. C’est un grande surprise de trouver de telles roches en surface. Finalement, la grande nouveauté c’est tout ce que nous avons appris sur les processus volcaniques et magmatiques. les roches à cumulat d’olivine n’avaient jamais été observées avec un rover sur Mars ». Les observations font ainsi naître autant de questions qu’elles n’apportent de réponses, et l’étude de la planète Rouge n’a pas fini d’occuper les planétologues et géologues du monde entier.

Source: Sciencesetavenir.fr
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