Pourquoi souffre-t-on autant après une rupture amoureuse ?

La douleur ressentie après une rupture amoureuse est bien réelle. Sciences et Avenir explore aujourd’hui les causes chimiques, biologiques et neurologiques de cette douleur, à l’occasion de la Question de la semaine.

Rupture amoureuse

Après une rupture amoureuse, la douleur ressentie multiplierait par 20 le risque de développer une dépression au cours de l’année à venir.

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Une rupture amoureuse, ça fait mal (une rupture des ligaments croisés aussi, mais ce n’est pas le sujet). La sensation que le monde entier s’effondre, que rien n’a plus de sens, que cette tristesse ne s’apaisera jamais… Si vous avez déjà vécu une rupture sentimentale, vous comprenez probablement cette douleur. C’est d’ailleurs le cas de Matt Nicolay. « Pourquoi souffrons-nous autant après une rupture ? », nous a-t-il demandé sur notre page Facebook. C’est notre Question de la semaine. Merci à tous et toutes pour votre participation, votre fidélité et votre curiosité.

Le chagrin d’amour, une douleur réelle sur le plan neurochimique

Ce qu’il faut déjà savoir, c’est que la douleur ressentie après une rupture amoureuse est bien réelle. Des chercheurs de l’Université du Colorado à Boulder (États-Unis) ont constaté dans leur étude parue dans le Journal of Neuroscience que les douleurs émotionnelles et physiques activent des régions cérébrales similaires.Pour le Pr. Tor Wager, principal auteur de l’étude en question, les cœurs brisés ont de « vraies » raisons de croire qu’ils ressentent de la douleur. « Sachez qu’elle est réelle, elle existe sur le plan neurochimique », a-t-il déclaré dans un communiqué de presse.

Cette équipe a par ailleurs montré qu’un placebo pouvait s’avérer efficace pour soulager cette douleur : le cerveau des sujets étant persuadés d’avoir reçu un produit pour atténuer leur chagrin d’amour (qui n’était en réalité qu’une simple solution saline) réagissait différemment. En particulier, le cortex préfrontal dorsolatéral, une région cérébrale jouant un rôle clé dans la gestion des émotions, s’activait significativement plus que chez les sujets n’ayant reçu aucun produit. Même constat pour la substance grise périaqueducale, responsable de la sécrétion de dopamine et d’opioïdes, des neurotransmetteurs capables de soulager la déprime.

L’amour, une question de chimie

Les neurotransmetteurs et les hormones, justement, sont les acteurs principaux de la pièce de théâtre de l’amour, et du chagrin qui accompagne une rupture sentimentale. En réalité, il s’agit avant tout d’une question de chimie, n’en déplaise aux grands romantiques. Comme Sciences et Avenir le détaillait dans un article sur le sujet, l’une des hormones les plus importantes dans la chimie de l’amour est l’ocytocine. Cette molécule est entre autres connue pour contribuer à la régulation du système d’attachement chez les femmes et les hommes, comme chez beaucoup d’autres mammifères, comme l’a établi une étude publiée dans la revue Perspectives on Psychological Science.

En tant qu’hormone circulant dans le sang, un niveau élevé d’ocytocine aux premiers stades d’une relation amoureuse est lié à des interactions plus positives avec son partenaire romantique et diminuerait le risque de se séparer six mois plus tard. Dans le cerveau, elle agit en tant que neurotransmetteur chargé de faire circuler des messages entre les neurones, et affecte la reproduction (ovulation, déclenchement de l’accouchement…), l’attachement et le comportement social.

L’ocytocine travaille main dans la main avec le système dopaminergique, également connu sous le nom de système de la récompense, dont l’hormone principale est la dopamine. Cette hormone est souvent appelée « hormone du plaisir », un nom parfois aussi attribué à l’ocytocine, puisqu’elle est liée à l’orgasme. Mais l’ocytocine et la dopamine sont loin d’être les seules substances à jouer un rôle dans l’attachement romantique. La vasopressine (attachement et fidélité), la sérotonine (bien-être), le cortisol (stress) ou encore la testostérone (désir) ont aussi leur part.

Addiction et activité cérébrale

Le système dopaminergique, dont l’activation est la clé dans le sentiment amoureux, s’active lorsqu’on ressent du plaisir. En réaction à cela, le cerveau produit de fortes quantités de dopamine, en guise de « récompense ». C’est notamment ce qui cause les symptômes semblables au sevrage lors d’un chagrin d’amour : en ce sens, l’amour est comparable à une addiction.

D’ailleurs, les zones cérébrales qui s’activent sont les mêmes dans ces deux cas : l’imagerie cérébrale a révélé que les gens récemment tombés amoureux activent plusieurs régions du cerveau associées au système de récompense à la vue d’une photo de la personne aimée (par rapport à la photo d’un ami). Parmi elles, l’aire tegmentale ventrale et le noyau caudé, qui sont des régions associées au plaisir, à l’excitation générale et à une motivation dirigée vers la poursuite et l’obtention d’une récompense.

D’autres changements dans l’activité cérébrale ont également été observés par les chercheurs dans le cadre des relations amoureuses. D’après l’Université de Harvard (États-Unis), l’amour désactive la voie neuronale entre le noyau accumbens et l’amygdale, chargée de faire des évaluations critiques des autres personnes. Pour autant, l’amour n’est pas complètement aveugle : la relation et le ou la partenaire sont perçus de manière biaisée et optimiste lorsque tout se déroule bien, et de manière plus objective en cas de conflits ou de changements majeurs dans l’engagement.

Source: Sciencesetavenir.fr
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