Pourquoi certains enfants arrêtent de faire la sieste à 3 ans, quand d’autres continuent jusqu’à 6 ans

Pourquoi et quand les jeunes enfants abandonnent-ils la sieste ? Une nouvelle hypothèse suppose que cela est dû au développement du cerveau et non à l’âge de l’enfant.

Pourquoi est-ce que les enfants arrêtent de faire la sieste ?

L’arrêt de la sieste chez les jeunes enfants serait déterminé par le développement du cerveau et non de l’âge.

Lilian Cazabet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Les études scientifiques l’ont prouvé : la sieste a des bienfaits sur notre santé tels que l’amélioration de la mémoire à long terme, l’assimilation de nouvelles données ou encore la régulation émotionnelle. Chez l’adulte, la sieste idéale doit être comprise entre 10 et 20 minutes afin d’éviter une insomnie la nuit suivante. Chez les enfants, une sieste peut parfois durer plus de trois heures… Pourtant, à partir d’un certain âge, ces petites boules d’énergies deviennent de plus en plus réfractaires à cette activité quotidienne.

La sieste permet de consolider émotions et souvenirs

Selon Rebecca Spencer, auteure principale de l’étude et professeure en psychologie et sciences du cerveau à l’Université du Massachusetts Amherst (Etats-Unis), il est contre-intuitif pour les jeunes enfants d’abandonner la sieste, celle-ci leur permettant de consolider leurs émotions et souvenirs. Mais alors, pourquoi certains enfants continuent de faire la sieste à cinq ans, tandis que d’autres abandonnent ce rituel dès trois ans ?

L’analyse de données d’études comportementales et sur le développement neuronal chez des enfants entre trois et six ans qui font habituellement la sieste ou non, a permis aux chercheuses de comparer le développement du cerveau avec la transition de la sieste. L’étude publiée dans la revue PNAS, issue de la collaboration entre Rebecca Spencer et Tracy Riggins, psychologue pour enfants spécialisée dans le développement de la mémoire, décrit une nouvelle théorie sur la raison pour laquelle les jeunes enfants décident d’arrêter la sieste. Il s’avère que ce n’est pas tant l’âge qui compte mais plutôt le développement du cerveau et notamment une zone en particulier : l’hippocampe.

Quand « ça déborde » dans l’hippocampe, il faut faire la sieste

Prenez un bol qui représente l’hippocampe (voir encadré ci-dessous). Un hippocampe peu développé pourrait se comparer à un petit bol. Il ne peut pas contenir beaucoup d’informations et va se remplir plus rapidement qu’un hippocampe développé. La théorie de Spencer suppose que les enfants qui continuent la sieste n’ont pas terminé le développement de l’hippocampe et ont besoin de le « vider » afin d’assimiler plus d’informations. Avec un hippocampe plus développé, les enfants peuvent s’émanciper de la sieste car celui-ci est capable de retenir plus d’informations jusqu’au moment du coucher, où le processus de sommeil transfert les souvenirs de l’hippocampe vers le cortex cérébral.  

Avec une forme ressemblant à celle d’un cheval de mer, l’hippocampe est une structure du cerveau faisant partie du lobe temporal du cortex cérébral. Il est considéré comme le siège de la mémoire et de l’apprentissage mais est également impliqué dans d’autres procédés (faim, douleur, plaisir, libido…). L’hippocampe est l’endroit où les souvenirs à court terme sont transformés en souvenirs à long terme et envoyés dans le cortex. Son atrophie peut causer des troubles neurologiques tels que la maladie d’Alzheimer ou l’épilepsie.

« Les siestes servent à traiter les souvenirs. Lorsque l’hippocampe immature des jeunes enfants atteint sa limite de souvenir pouvant être stockés sans « interférences » ou oublis, les enfants subissent une « pression de sommeil » », explique Rebecca Spencer.

La pression de sommeil est un facteur de régulation du sommeil pouvant être à l’origine du manque de sommeil. Au cours de la journée, nous accumulons des substances hypnogènes (qui donnent envie de dormir), synthétisées naturellement par notre organisme ou absorbées. Ces substances se dissipent lorsque nous dormons, permettant un retour au « niveau 0 ». Or, prenez le même bol qui représente notre hippocampe et imaginez maintenant qu’au cours de la journée, ce bol se remplit de substances hypnogènes sans se vider. Si ces substances ne se dissipent pas régulièrement, il peut arriver un « trop plein » qui peut être compliqué et très long à récupérer, notamment chez les jeunes enfants, créant un manque de sommeil pouvant impacter leur développement et apprentissage.

Faire la sieste, bénéfique pour l’apprentissage

Les chercheuses promeuvent l’importance de donner aux jeunes enfants la possibilité de faire la sieste. « Certains d’entre eux en ont encore besoin ; d’autres n’en ont peut-être pas besoin, mais s’ils la font, cela sera bénéfique pour leur apprentissage » souligne la chercheuse Rebecca Spencer. Sur le long terme, les chercheuses espèrent développer une mesure cognitive de la mémoire pour déterminer s’ils les enfants ont franchi le seuil du besoin de siestes régulières.

Source: Sciencesetavenir.fr
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