On a trouvé la région du cerveau responsable de la procrastination

Des scientifiques ont identifié la région du cerveau responsable de la décision de procrastiner : le cortex cingulaire antérieur. 

Le cortex cingulaire antérieur, lieu de décision de la procrastination

Des chercheurs ont identifé la région du cerveau où se joue la décision de procrastiner : la zone du cortex cingulaire antérieur.

RICHARD JONES / SCIENCE PHOTO LIBR / RJX / Science Photo Library /AFP

Faire la vaisselle, remplir des documents administratifs, prendre rendez-vous chez le médecin… Des tâches pénibles qui nous incombent mais qu’on remet toujours à plus tard. Cette tendance de reporter au lendemain ce que l’on pourrait faire aujourd’hui porte un nom, et c’est procrastination. Pourtant les conséquences de la procrastination peuvent être multiples : stress, baisse de la qualité du travail…

La procrastination, un trait de caractère humain

« La procrastination est aussi habituelle que le café du matin » écrit Piers Steel, docteur en psychologie et sciences du comportement dans son livre « The procrastination Equation ».  Selon une étude réalisée en 2019 sur YouGov, plus d’un Français sur deux affirme procrastiner régulièrement. Une pratique particulièrement populaire chez les étudiants : plus de 79% d’entre eux ont tendance à procrastiner contre 44% de retraités. 

Mais qu’est-ce qui nous pousse à procrastiner ? Plus de 30 ans de recherche et des centaines d’études mettent le doigt sur un trait de caractère en particulier : l’impulsivité. Selon Piers, « les personnes impulsives n’ont pas la capacité d’endurer une douleur à court terme pour un gain à long terme« . Il explique que l’impulsivité pousse à retarder une tâche qui paraît anxiogène, incitant les procrastinateurs à être désorganisés et distraits.

Mais si l’impulsivité est le trait de caractère qui définit le plus les procrastinateurs, comment se comporte notre cerveau lorsque nous procrastinons ? 

Une zone du cerveau responsable de la procrastination

C’est la question que se sont posés des chercheuses et chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), du centre national de la recherche scientifique (CNRS), de Sorbonne l’Université et de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) au sein de l’Institut du cerveau à Paris. L’étude, parue dans Nature Communications, a été réalisée sur 51 individus qui ont participé à une série de tests comportementaux durant lesquels leur activité cérébrale était enregistrée par Imagerie par Résonance Magnétique (IRM).

Chaque participant devait attribuer de manière subjective une valeur à des récompenses (gâteaux, fleurs…) et à des efforts (mémoriser des données, faire des pompes…). Il leur a ensuite été demandé d’indiquer leurs préférences entre obtenir une petite récompense rapidement ou une grande récompense plus tard, ainsi que d’effectuer un petit effort physique à faire tout de suite ou un effort plus important à faire plus tard.

Cela a permis aux scientifiques d’identifier une région du cerveau où se joue la prise de décision de procrastiner : le cortex cingulaire antérieur (CAA). 

Le cortex cingulaire antérieur : Il semble jouer un rôle dans une grande variété de fonctions cognitives telles que l’anticipation de récompense, la prise de décision, l’empathie et l’émotion. L’appareil neuronal qu’est le cortex cingulaire antérieur a pour rôle d’effectuer un calcul « coût-bénéfice » en intégrant les coûts (efforts) et les bénéfices (récompenses) associés à chaque prise de décision.

La tendance à la procrastination a ensuite été mesurée par deux types de tests. Dans le premier, les participants devaient décider soit de produire un effort le jour même pour obtenir immédiatement la récompense associée, soit produire l’effort le lendemain et de patienter jusque-là pour obtenir la récompense. Dans le second, à leur retour chez eux, les participants devaient remplir plusieurs formulaires fastidieux et les renvoyer sous un mois maximum pour être indemnisés de leur participation à l’étude.

Quand « ça ne vaut vraiment pas le coût » pour notre cerveau

Grâce à ces séries de tests, une différence a pu être faîte entre les choix pris sans limite de temps et ceux pris avec une date butoir. Il semblerait que plus l’échéance est lointaine, moins l’effort parait coûteux et moins la récompense gratifiante.

« Par exemple, pour une tâche comme faire la vaisselle, les coûts sont liés à l’aspect long et rébarbatif de la corvée et les bénéfices au fait que l’on retrouve à son issue une cuisine propre. Laver la vaisselle est dans l’instant très pénible ; envisager de le faire le lendemain l’est un peu moins. De même, être payé immédiatement après un travail est motivant, mais savoir qu’on sera payé un mois plus tard l’est beaucoup moins », explique Raphaël Lebouc, neurologue à l’AH-HP et co-directeur de l’étude.

« La procrastination pourrait être spécifiquement liée à l’impact du délai sur l’évaluation des tâches exigeant un effort. Plus précisément, elle peut s’expliquer par la tendance de notre cerveau à décompter plus vite les coûts que les récompenses« , conclut Mathias Pessiglione. En d’autres termes, notre cerveau va d’abord analyser les efforts à fournir avant même de connaitre les bienfaits et avantages de la tâche à effectuer.

A tous les procrastinateurs qui nous lisent, retenez bien cette date : le 25 mars, journée mondiale de la procrastination, vous aurez le droit de reporter au lendemain ce qu’il aurait fallu faire dans la journée !

Source: Sciencesetavenir.fr
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