Mélancolie : comment la distinguer de la tristesse ou de la dépression ?

Rien à voir avec une simple tristesse passagère : la mélancolie, c’est une forme de dépression sévère. Explications avec un spécialiste.

La mélancolie, au-delà de la tristesse ou de la dépression

Si, dans le langage courant, la mélancolie désigne un sentiment de nostalgie, une tristesse existentielle ou encore une mini-déprime poétique (on pense évidemment aux chansons de rupture !) dans le milieu médical, le mot a un sens bien différent…

 » Durant l’Antiquité grecque, on parlait de mélancolie pour désigner ce qu’on qualifie aujourd’hui de dépression, explique le Pr. Pierre-Michel Llorca, professeur de psychiatrie. Depuis le 19ème siècle, on utilise le mot  » mélancolie  » pour parler d’une dépression très sévère, caractérisée par des symptômes graves et une souffrance morale très intense.  » Rien à voir avec le  » vague à l’âme  » qu’on imagine !

La mélancolie (on parle aussi de  » dépression mélancolique  » ou de  » dépression à caractéristique psychotique « ) constitue en réalité la forme la plus grave de dépression.  » Le mot n’est plus tellement utilisé dans les classifications internationales, mais il reste courant dans le vocabulaire médical en France  » précise le psychiatre.

Quels sont les symptômes ? Une personne qui souffre de mélancolie présentera les mêmes symptômes qu’une personne dépressive… à l’état maximal :

  • Une humeur dépressive (la personne  » voit tout en noir « ),
  • Une perte de la capacité à trouver du plaisir dans des activités auparavant appréciées ( » anhédonie « ),
  • Un ralentissement psychomoteur (les mouvements et les pensées paraissent plus lents),
  • Des symptômes psychotiques (des idées délirantes déconnectées de la réalité :  » je suis responsable des attentats du 11 septembre « ,  » je suis poursuivi par les services secrets « …),
  • Une souffrance morale extrême.

La mélancolie, est-ce fréquent ? Pas vraiment, estime le Pr. Llorca :  » si la dépression est une maladie assez fréquente (environ 10 % de la population développera une dépression au cours de sa vie, ce qui fait 7 millions de personnes en France), la dépression mélancolique ne concernera qu’1 % des adultes au cours de leur vie, plutôt entre 40 et 50 ans et plutôt chez les hommes « .

À savoir : la dépression mélancolique n’est pas forcément l’évolution d’une dépression  » classique « . Elle n’est pas non plus forcément déclenchée par un événement douloureux (un deuil, par exemple) : les causes de la mélancolie ne sont pas toujours identifiables.

La dépression mélancolique, ça se soigne !

À l’origine de la mélancolie, il y a un dysfonctionnement au niveau du cerveau :  » les filtres qui, en temps normal, régulent les émotions et la transmission des informations ne fonctionnent plus correctement  » résume le spécialiste.

Bonne nouvelle : la mélancolie, ça se soigne. Le traitement est le même que celui proposé en cas de dépression :

  • Une psychothérapie,
  • Un traitement médicamenteux (à base d’antidépresseurs),
  • Une électroconvulsivothérapie en stratégie de recours.

 » Les électrochocs peuvent faire peur car le grand public en a une image très négative, notamment héritée du cinéma, développe le Pr. Llorca. Pourtant, il faut savoir que la pratique de l’électroconvulsivothérapie (ECT) est très encadrée : le patient ne ressent aucune douleur, il est placé sous anesthésie générale et son consentement est indispensable. « 

L’objectif de cette technique (qui obtient de  » très bons résultats  » selon le spécialiste), c’est d’agir directement sur le cerveau pour atténuer les symptômes de la mélancolie. Mais, en France, l’électroconvulsivothérapie reste rare :  » peu de centres sont habilités à la pratiquer « .

Bon à savoir :  » dans l’immense majorité des cas, il est nécessaire d’hospitaliser la personne qui souffre de mélancolie car, d’une part, la souffrance peut l’empêcher de bouger et/ou de s’alimenter, d’autre part, il y a un risque suicidaire important. « 

Merci au Pr. Pierre-Michel Llorca, professeur de psychiatrie, chef de service au CHU de Clermont-Ferrand et directeur des soins pour la Fondation FondaMental.

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Source: Femmeactuelle.fr
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