Maladies du côlon: des probiotiques en plus

Maladies du côlon: des probiotiques en plus

Maladies du côlon: des probiotiques en plus
Contre les risques liés aux maladies du côlon, l’ajout de probiotiques dans l’intestin constitue une piste. Une spécialiste explique pourquoi.
Contre les risques liés aux maladies du côlon, l’ajout de probiotiques dans l’intestin constitue une piste. Une spécialiste explique pourquoi.

– Quel rôle joue l’intestin?

Un déséquilibre du microbiote en faveur de certaines espèces (Fusobacterium) et la présence de bactéries buccales qui n’ont rien à faire dans l’intestin semblent augmenter le risque de cancer colorectal. 

De façon plus générale, les bactéries favorisant l’inflammation, quand elles sont trop nombreuses, peuvent dépasser les capacités de régulation de notre organisme et faire le lit des cancers. 

– Comment se protéger?

« L’impact des médicaments sur le microbiote commence à être étudié. Ainsi, ceux utilisés contre les brûlures d’estomac, les anti-acides, sont soupçonnés de favoriser le passage de bactéries buccales vers l’intestin. Une raison de plus de ne pas prendre un médicament à la légère, surtout sans avis médical », insiste Stanislav Dusko Ehrlich. Pour le Dr Corinne Grangette, « la prise au long cours de médicaments identifiés comme à risque pour le microbiote pourrait s’accompagner d’une prescription de probiotiques ». 

– Que dit la recherche?

Rétablir l’équilibre de la flore intestinale reste la priorité. Les chercheurs de l’Inra ont observé que l’efficacité de l’immunothérapie en cancérologie – qui consiste à stimuler les défenses immunitaires d’un patient – est étroitement liée à la présence de familles de bactéries. Cette synergie d’action entre certains médicaments anticancéreux et la flore intestinale est une piste prometteuse. 

• 3 questions à…

Marie-José Butel, Directrice écosystème intestinal, probiotiques, antibiotiques, à l’université Paris Descartes.

NT: Pourquoi a-t-il fallu des années avant de chercher d’autres probiotiques que l’Ultra-Levure?

Marie-José Butel: L’Ultra-Levure est un cas particulier. Partis du constat clinique que cette levure avait des vertus intéressantes en cas de troubles intestinaux tels que ceux déclenchés par la prise d’antibiotiques, les médecins l’ont prescrite pendant des décennies, avant d’avoir la preuve scientifique de son action. Aujourd’hui, c’est très différent. Pour espérer devenir des probiotiques et revendiquer les bienfaits pour la santé, les souches de bactéries doivent obéir à de nombreux critères: être issues du microbiote humain, faciles à cultiver et à administrer, passer la barrière gastrique, apporter un bénéfice santé sans générer de problèmes… Ce qui prend plus de dix ans pour chaque souche étudiée. 

NT: Comment travaillez-vous? 

Marie-José Butel: Les chercheurs commencent par sélectionner des souches de bactéries parmi des familles connues comme ayant des effets bénéfiques sur la santé (principalement des lactobacilles et des bifidobactéries). Puis ils étudient ces souches pour les valider. Par exemple, nous travaillons sur le développement de probiotiques qui, donnés très tôt dans la vie, permettraient de diminuer le risque d’allergie aux protéines de lait de vache. Pour cela, nous avons étudié 33 souches candidates, et sur ces 33, il n’en reste plus qu’une intéressante… 

NT: Les industriels se tournent-ils vers ces produits?
Marie-José Butel: L’industrie pharmaceutique est très intéressée par cette piste partout dans le monde. Les laboratoires développent des souches candidates prometteuses mais ils doivent encore réaliser les études cliniques avant d’envisager une mise sur le marché. Au final, sur toutes les souches testées, seul un petit nombre passera les obstacles: il y aura donc de nouveaux probiotiques, mais cela prendra du temps. Nous n’en sommes qu’au début, le champ d’exploration est immense. 

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Source: Notretemps.com
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