Luminothérapie : s’exposer à la lumière pour remettre son corps d’aplomb

La technique a fait ses preuves pour lutter contre la dépression saisonnière, les problèmes d’endormissement et la jaunisse du nourrisson.

luminothérapie

Les séances de luminothérapiese pratiquent le plus souvent à domicile, mais aussi parfois à l’hôpital (ici, au centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu, à Paris).

ANTOINE DEVOUARD / LOOKATSCIENCES

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir – La Recherche n°907, daté septembre 2022. 

De la lumière artificielle pour améliorer le moral, combattre les troubles du sommeil des adultes ou traiter la jaunisse des nourrissons. Le principe de la luminothérapie est d’exposer un patient à une lumière artificielle – le plus souvent blanche, mais aussi bleue – à large spectre, filtrant les rayons ultraviolets (UVA et UVB). À ne pas confondre avec la photothérapie, validée, elle, depuis les années 1970 et uniquement à base d’UV pour traiter le psoriasis.

Lutter contre la dépression saisonnière

Pour les adultes, le but de la luminothérapie est d’inhiber la sécrétion de mélatonine, l’hormone essentielle de la régulation de notre sommeil sur 24 heures, qui augmente dès que la luminosité baisse pour nous faire basculer en mode sommeil. Aujourd’hui, ses bénéfices dans la prise en charge des troubles veille/sommeil, dits aussi circadiens (lire S. et A. n° 838), sont largement utilisés chez les patients présentant soit une « avance de phase » (sommeil précoce en soirée, réveil nocturne précoce), soit à l’inverse un « retard de phase » (sommeil et réveil tardifs). Dans le premier cas, le recours à la luminothérapie a lieu le soir afin de retarder l’horloge biologique ; dans le second, le matin pour l’avancer.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir – La Recherche n°907, daté septembre 2022. 

De la lumière artificielle pour améliorer le moral, combattre les troubles du sommeil des adultes ou traiter la jaunisse des nourrissons. Le principe de la luminothérapie est d’exposer un patient à une lumière artificielle – le plus souvent blanche, mais aussi bleue – à large spectre, filtrant les rayons ultraviolets (UVA et UVB). À ne pas confondre avec la photothérapie, validée, elle, depuis les années 1970 et uniquement à base d’UV pour traiter le psoriasis.

Lutter contre la dépression saisonnière

Pour les adultes, le but de la luminothérapie est d’inhiber la sécrétion de mélatonine, l’hormone essentielle de la régulation de notre sommeil sur 24 heures, qui augmente dès que la luminosité baisse pour nous faire basculer en mode sommeil. Aujourd’hui, ses bénéfices dans la prise en charge des troubles veille/sommeil, dits aussi circadiens (lire S. et A. n° 838), sont largement utilisés chez les patients présentant soit une « avance de phase » (sommeil précoce en soirée, réveil nocturne précoce), soit à l’inverse un « retard de phase » (sommeil et réveil tardifs). Dans le premier cas, le recours à la luminothérapie a lieu le soir afin de retarder l’horloge biologique ; dans le second, le matin pour l’avancer.

Mais aujourd’hui, la technique est surtout validée pour lutter contre la dépression saisonnière – un trouble qui concerne près de 5 % de la population en France à l’automne – et dans la prévention des récidives d’épisodes dépressifs, selon les recommandations de la Haute Autorité de santé en 2007. En s’exposant le matin, l’idée est de leurrer le cerveau en lui envoyant un signal d’été, même si c’est l’automne ou l’hiver.

Toutefois, comme l’a montré une méta-analyse française originale publiée en 2019 dans la revue Sleep Medicine Reviews, la technique pourrait aussi être utilisée dans la prise en charge des dépressions classiques et pas seulement pour les épisodes saisonniers. L’analyse de sept essais concernant 400 patients, réalisée par le psychiatre Pierre-Alexis Geoffroy (hôpital Bichat, à Paris) et ses collègues du CHU de Strasbourg, révèle que la luminothérapie s’avère non seulement équivalente aux antidépresseurs si ceux-ci sont prescrits seuls, mais qu’elle est aussi très intéressante en cas d’association : la combinaison lumière-antidépresseurs est plus rapidement efficace que la seule approche chimique.

D’autres travaux seront néanmoins nécessaires pour mieux maîtriser les modalités d’utilisation de la luminothérapie, la question de la durée précise de ce traitement restant entière. Sans oublier l’évaluation de ses effets à long terme, toujours mal connus. Sans danger, la technique reste néanmoins contre-indiquée chez les personnes présentant des problèmes visuels (cataracte, dégénérescence maculaire, glaucome, rétinite…), celles sous médicaments photosensibilisants (lithium, antibiotiques…) ou encore celles atteintes d’affection psychiatrique.

Mais en fait de lumière, toutes les couleurs sont-elles égales ? À ce jour, c’est surtout la lumière blanche qui a été étudiée. Pourtant, il y a tout juste vingt ans, un dogme s’est écroulé, selon lequel les cônes (vision diurne des couleurs) et les bâtonnets (vision nocturne) seraient les seuls photorécepteurs de l’œil. Publiés dans la revue Science en 2002, les travaux menés par l’équipe américaine de David Berson, de l’Université Brown (Providence, États-Unis), ont en effet formellement démontré l’existence d’un troisième type de cellules totalement inconnues au début du 21e siècle : les cellules dites ganglionnaires, réagissant tout particulièrement au spectre de la lumière bleue. Or, à ce jour, encore très peu d’études ont été menées sur cette longueur d’onde.

Des dispositifs en accès libre… à des prix très variables

Parfois pratiquée à l’hôpital (en services de psychiatrie, laboratoires du sommeil ou cliniques privées), la luminothérapie demeure surtout utilisée au domicile des patients qui, spontanément ou sur les conseils de leur psychiatre, choisissent de s’équiper d’un dispositif. Bien que non standardisés, les conseils d’utilisation sont les suivants : au moins 10.000 lux (l’unité de l’éclairement lumineux) en lumière blanche – ou 200 en lumière bleue – avec une exposition quotidienne de trente minutes, plutôt le matin, à environ 50 cm de la source lumineuse.

De nombreux modèles (miroir, lampe de bureau, lunettes…) existent à des coûts variables (de 50 à 300 euros dans les pharmacies, supermarchés ou en ligne, non remboursés). Des dispositifs à ne pas confondre avec les produits vendus comme « simulateurs d’aube », qui proposent une diffusion de lumière matinale dont l’intensité est insuffisante pour traiter une dépression.

Jaunisse : des tissus lumineux pour nouveau-nés

Utilisés depuis les années 1960, différents dispositifs de luminothérapie (tubes fluorescents, lampes halogènes, etc.) traitent la jaunisse des nourrissons, dont le foie immature ne peut éliminer un pigment, la bilirubine, qui s’accumule dans leur sang et colore leur peau. Le principe est de les exposer à une lumière bleue ou blanche, correspondant à la zone d’absorption de la bilirubine qui est transformée en dérivés solubles éliminés dans les urines.

Mais il y a des inconvénients : chaleur, rupture du lien mère-enfant pendant le soin. « Des dispositifs récents en développement permettront de traiter en ambulatoire en intégrant des fibres optiques dans des tissus plus ou moins souples », prédit Serge Mordon, ancien directeur de l’unité Inserm OncoThAI, à Lille. Et aussi, à terme, d’autres pathologies comme les aphtes, les dermatites ou les cicatrices.

Source: Sciencesetavenir.fr
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