L’analyse des dents de deux mammifères ancestraux livre des indications sur leur mode de vie.
Reconstruction de Morganucodon (gauche) et Kuehneotherium (droite) en train de chasser, il y a 200 millions d’années.
Morganucodon et Kuehneotherium sont deux petits mammifères de la taille d’une souris qui vivaient en compagnie des premiers dinosaures, il y a plus de 200 millions d’années, durant le Jurassique. De nombreux fossiles de ces deux espèces ont été découverts dans des grottes et des cavités anciennes au sud du Pays de Galles. Les squelettes étant très bien préservés, leurs dents ont pu être analysées avec des techniques de pointe. Des investigations qui ont conduit à de surprenantes découvertes.
Des ancêtres des souris qui pouvaient vivre jusqu’à 14 ans
Ces dents, à peine plus grosses que la tête d’une épingle, ont été examinées aux rayons X dans deux installations qui possèdent les instruments les plus puissants d’Europe : l’ESRF de Grenoble et le SLS en Suisse. Ce qui a permis d’obtenir des images extrêmement détaillées des tissus dentaires et notamment du cément, le tissu qui recouvre la dent au niveau de la racine. Des études précédentes ont montré que celui-ci se développe par couche, avec une nouvelle qui se fige chaque année. Comme les cernes de croissance des arbres, le cément permet donc de déterminer l’âge d’un individu ainsi que d’autres caractéristiques de son mode de vie puisque sa composition varie en fonction des conditions environnementales.
La recherche a été dirigée par une équipe de l’Université de Bristol, au Royaume-Uni, et pour être certains de leurs résultats qui sont publiés dans la revue Nature Communications, les scientifiques ont analysé les dents de plusieurs centaines de fossiles de chaque espèce. Verdict : Morganucodon pouvait vivre jusqu’à 14 ans et Kuehneotherium jusqu’à 9 ans. Ce qui constitue une énorme surprise sachant que leurs lointains descendants comme les souris et les musaraignes vivent entre un et deux ans à l’état sauvage.