L’auto-diagnostic sur internet fonctionne dans seulement 36% des cas

Taper ses symptômes dans un moteur de recherche et trouver un diagnostic sur un site de santé spécialisé n’apporte le bon diagnostic que dans 36% des cas selon une étude.

Seulement 36% de bons diagnostics établis sur internet

Un homme utilise son téléphone et son ordinateur.

IGOR STEVANOVIC / SCIENCE PHOTO / IST / Science Photo Library via AFP

Des démangeaisons à un endroit inhabituel, une petite boursoufflure jamais remarquée, un mal de crâne qui ne passe pas… Il est tentant de se rendre sur internet pour essayer de mieux comprendre un phénomène médical inexpliqué, sans attendre d’aller au médecin. En tapant ses symptômes sur un moteur de recherche, des sites spécialisés en santé remontent facilement dans les résultats. Des chercheurs de l’Edith Cowan University en Australie se sont penchés sur les diagnostics proposés en ligne. Il s’avère que seulement 36% d’entre eux s’avèrent être justes. Des résultats publiés dans le journal spécialisé Medical journal of Australia.

70.000 recherches en santé par minute sur Google

Les chercheurs ont analysé 36 sites internationaux qui proposent de rechercher une maladie en fonction des symptômes de l’internaute. Ils ont cherché sur Google, Yahoo, Ask, Search Encrypt et Bing pour trouver ces 36 sites qui remontent le plus souvent dans un moteur de recherche après une recherche diagnostic (les trois premières pages de résultats ont été prises en compte). Sur 1.170 tests, qui correspondaient tous à des scénarios différents, les 36 sites n’ont été efficaces que dans 36% des cas. Ces sites peuvent ensuite conseiller, en fonction du résultat, d’aller consulter un médecin ou même d’aller à l’hôpital. Les conseils prodigués par le site pour trouver une aide médicale étaient justes dans 49% des cas.

Dans près des deux tiers des cas, les sites de santé ne parviennent donc pas à déceler la bonne maladie ou la bonne affection. Et quand ils le font, le degré d’urgence pour consulter du personnel médical n’est fiable qu’une fois sur deux environ. En moyenne, Google traite 70.000 recherches liées à la santé toutes les minutes. Et 40% des australiens se servent d’internet pour l’auto-médication, rapporte l’étude. En France, même sans présenter de symptômes, 74% procèdent à une recherche sur des sites d’information sur internet selon un sondage Ifop datant de 2013.

Des sites « dangereux » dans le pire des cas

« La plupart du temps, ces outils ne sont pas fiables et dans le pire des cas, ils peuvent même être dangereux« , explique Michella Hill, l’auteure principale de l’étude. « Nous avons tous été un ‘cybercondriaque’ à un moment ou à un autre en ‘googlant’ les premiers signes d’un mal de crâne. Mais en réalité, c’est sites internet et ces applis devraient être utilisées avec beaucoup de prudence. Elles ne connaissent ni votre historique médical ni vos autres symptômes. Les personnes ayant peu de connaissances médicales peuvent penser que cet avis donné sur internet est exact ou même qu’ils ont une maladie qui n’est pas grave, alors que ça peut être totalement l’inverse. »

Les chercheurs concluent aussi que les conseils sur une urgence médicale étaient un peu meilleurs que pour le diagnostic exact. « Pour les situations qui nécessitent une consultation en urgence chez un médecin ou même un passage aux urgences, les avis des sites internet étaient exacts dans 60% des cas. En revanche, lorsqu’il ne s’agit pas d’urgence, ce taux baissait à 30 ou 40%. » Ces avis plus ou moins précis peuvent mener à deux types de problèmes : une personne ayant besoin d’une aide médicale urgente et qui ne consulte pas, ou une personne n’ayant pas besoin de consulter qui se rend tout de même à l’hôpital ou au médecin alors que c’est inutile. Ainsi, une étude britannique datant de 2018 révélait que 57% des requêtes sur les moteurs de recherche tels que Google mènent les internautes à penser – à tort – qu’ils sont atteints d’un cancer.

Pour être certain d’obtenir un avis médical fiable, mieux vaut encore se rendre chez son médecin traitant ou téléphoner au 15.

Source: Sciencesetavenir.fr
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