La télépathie : lire dans les pensées, est-ce possible ?

La télépathie, un fantasme réservé à la science-fiction ? Pas forcément : des recherches sont en effet menées sur le sujet depuis plus de 150 ans. Et certains projets, mécaniquement assistés, pourraient bien aboutir.

Réseau neuronal

Les avancées technologiques nous permettront-elles, un jour, de communiquer par la pensée ?

JESPER KLAUSEN / SCIENCE PHOTO L / JKU / SCIENCE PHOTO LIBRARY VIA AFP

Depuis plus d’un siècle, des scientifiques mènent des expérimentations pour concrétiser une aspiration ancestrale : celle de communiquer par la pensée. Ces quelque 150 années de recherches ont permis d’aboutir à une conclusion peu plaisante : notre corps ne semble pas disposer des capacités nécessaires à la télépathie. Pour pouvoir communiquer par ce biais, plusieurs facultés seraient nécessaires : l’expéditeur devra être en mesure d’encoder sa pensée pour la transformer en un signal, et de transmettre ce dernier, alors que le destinataire devra être en capacité de capter le message, puis de le décoder. 

La télépathie, bientôt une réalité ?

Si notre corps ne semble pas doté de ces facultés, la télépathie mécaniquement assistée est, elle, porteuse d’espoir : par exemple, le 28 mars 2014, des messages rudimentaires ont été envoyés d’Inde jusqu’en France. Pour réaliser cet exploit, il a fallu utiliser plusieurs technologies afin d’assurer les différentes tâches nécessaires à la transmission de pensée. Ainsi, en Inde, un casque doté d’électrodes sensibles aux ondes électromagnétiques a été placé sur le crâne de l’émetteur. En effet, à chacune de nos pensées, les réseaux neuronaux émettent un certain nombre d’ondes électromagnétiques : il existe donc un profil-type d’ondes émises pour chaque pensée. Ici, le casque reconnaissait deux idées distinctes : « bouger les mains » et « bouger les pieds ». Une suite de pensées pouvait ainsi être codée en binaire, le mouvement des mains correspondant à 1 et celui des pieds à 0. Ces deux pensées étaient donc transformées en un signal numérique, qu’il suffisait d’envoyer par internet.

Pour transmettre ce signal au receveur situé en France, les chercheurs ont utilisé la stimulation magnétique transcrânienne, une méthode utilisée en médecine pour traiter, entre autres, certaines affections neurologiques. Par cette technique, des impulsions magnétiques, capables de produire une illusion de lumière, étaient envoyées au receveur. L’apparition d’une tâche de lumière (que l’on appelle phosphène), correspondait au 1, et son absence, au 0. Le receveur n’avait plus qu’à décoder le code reçu : pour le mot « ciao », 140 bits et plus d’une heure ont été nécessaires. Ce projet est donc, pour le moment, peu en exploitable dans notre quotidien.

Plus récemment, Elon Musk a relancé le débat sur le sujet en co-fondant une start-up, Neuralink. Son objectif ? Produire des implants cérébraux capables de soigner des maladies neurologiques, comme la maladie de Parkinson ou la schizophrénie, mais pas seulement… L’entrepreneur américain souhaiterait que sa technologie se développe au point de permettre à quiconque d’interagir avec un ordinateur ou un téléphone, par la seule force de sa pensée. Un projet improbable à l’heure actuelle, et qui nécessiterait, au mieux, des décennies de recherche.

tions pour concrétiser une aspiration ancestrale : celle de communiquer par la pensée. Ces quelques 150 années de recherches laissent entrevoir une conclusion peu plaisante : notre corps ne semble pas détenir les capacités nécessaires à la télépathie. Pour pouvoir communiquer par ce biais, plusieurs facultés semblent en effet indispensables : l’expéditeur doit être en mesure d’encoder sa pensée pour la transformer en un signal, et transmettre ce dernier, alors que le destinataire doit pouvoir capter le message et le décoder. 

La télépathie mécaniquement assistée, bientôt une réalité ?

Si notre corps ne semble pas doté de ces facultés, la télépathie mécaniquement assistée est, elle, porteuse d’espoir : par exemple, le 28 mars 2014, des messages rudimentaires ont été envoyés d’Inde jusqu’en France. Pour réaliser cet exploit, il a fallu utiliser plusieurs technologies afin d’assurer les différentes tâches nécessaires à la transmission de pensée. Ainsi, en Inde, un casque doté d’électrodes sensibles aux ondes électromagnétiques a été placé sur le crâne de l' »émetteur ». En effet, à chacune de nos pensées, les réseaux neuronaux émettent un certain nombre d’ondes électromagnétiques : il existe donc un profil-type d’ondes émises pour chaque pensée. Ici, le casque reconnaissait deux idées distinctes : « bouger les mains » et « bouger les pieds ». Une suite de pensées pouvait ainsi être codée en binaire, le mouvement des mains correspondant à 1 et celui des pieds à 0. Le message était transformé en un signal numérique, qu’il suffisait d’envoyer par internet.

Pour transmettre ce signal au « receveur » situé en France, les chercheurs ont utilisé la stimulation magnétique transcrânienne, une méthode utilisée en médecine pour traiter, entre autres, certaines affections neurologiques. Par cette technique, des impulsions magnétiques, capables de produire des illusions visuelles, étaient envoyées au receveur. L’apparition d’une tâche de lumière (que l’on appelle phosphène), correspondait au 1, et son absence au 0. Le receveur n’avait plus qu’à décoder le code reçu : pour le mot « ciao », 140 bits et plus d’une heure ont été nécessaires. Ce projet a donc, pour le moment, peu d’applications concrètes dans notre vie quotidienne.

Plus récemment, Elon Musk a relancé le débat sur le sujet en co-fondant une start-up, Neuralink. Son objectif ? Produire des implants cérébraux capables de soigner des maladies neurologiques, comme la maladie de Parkinson ou la schizophrénie. Mais ce n’est pas tout : l’entrepreneur américain souhaiterait que sa technologie se développe au point de permettre à quiconque d’interagir avec un ordinateur ou un téléphone, par la seule force de sa pensée. Un projet improbable à l’heure actuelle, et qui nécessitera probablement des décennies de recherche.

Une aspiration ancestrale

Mais les start-ups ne sont pas les seules à exploiter le fantasme de la communication par la pensée, à en voir le succès des shows de mentaliste et le grand nombre de personnages de pop-culture dotés de cette capacité. « La croyance à la télépathie est très élevée parmi les croyances au paranormal, et entre 50 et 70% des individus des sociétés occidentales croient au moins à un phénomène paranormal, souligne Renaud Evrard, maître de conférences en psychologie à l’université de Lorraine et auteur d’Enquête sur 150 ans de parapsychologie : La légende de l’esprit (paru aux Editions Trajectoire). Cela s’explique notamment par le fait que des figures d’autorité scientifiques et culturelles ont crû à ces phénomènes, bien que ces sujets restent controversés sur le plan scientifique. Et globalement, cette fascination est le sort de l’ensemble de la parapsychologie : une discipline qui reste marginale sur le plan scientifique, en dépit des progrès qu’elle réalise. Ce paradoxe s’observe également au niveau culturel : de nombreuses fictions tournent autour du paranormal, qui reste présentée, à travers nos écrans, de façon très stéréotypée ».

Si ce fantasme semble né avec la science-fiction, des recherches sont en réalité menées sur le sujet depuis plus de 150 ans. Le concept de télépathie remonte ainsi à la fin du 19e siècle, alors que la lecture de pensées est un passe-temps récurrent dans les soirées mondaines. Devant l’engouement provoqué par les dispositions de certains individus, plusieurs intellectuels créent en 1882 la Society for Psychical Research (SPR), dont l’objectif est d’étudier de façon scientifique ces phénomènes paranormaux.  « Le concept même de télépathie est né dans les milieux savants de la SPR. A cette époque, il correspond à une faculté dont bénéficieraient tous les hommes, qui pourrait être mesuré expérimentalement« , nous explique Renaud Evrard.

La SPR mène ainsi plusieurs études afin de mieux comprendre le fonctionnement de l’esprit humain : ses membres fondateurs se sont notamment intéressés aux phénomènes d’hallucinations chez des personnes dépourvues de maladies mentales. « Dès 1889, la SPR a ainsi ouvert une vaste enquête par voie de presse en diffusant l’annonce suivante : « Avez-vous déjà eu l’impression vivace de voir, ou d’être touché, ou d’entendre une voix ; impression qui, autant que vous puissiez le découvrir, n’était due à aucune cause extérieure ? », explique Renaud Evrard. Plus de 15.000 personnes participèrent à l’étude, nommée Census of hallucinations. « Au sein de cet échantillon, 7,8 % des hommes et 12 % des femmes ont signalé au moins une expérience hallucinatoire ayant l’aspect de la réalité », révèle Renaud Evrard. Selon lui, cette expérience est l’un des exemples typiques du rôle important de la parapsychologie sur la psychologie, une discipline alors encore balbutiante. « Les parapsychologues furent des contributeurs actifs dans les recherches sur les hallucinations dans la population générale. Ils cherchaient à la fois à légitimer l’intérêt qu’ils portaient aux expériences exceptionnelles, si nombreuses, et à mieux comprendre leurs caractéristiques, afin que les vécus spontanés guident les expérimentations contrôlées. »

De nombreuses expériences, qui peuvent laisser place au doute

Le concept de télépathie se popularise ensuite fortement. Ainsi, tout au long du 20e siècle, de nombreuses expériences seront menées afin d’essayer de déterminer l’existence ou non d’une faculté chez l’Homme à communiquer par la pensée. Parmi celles-ci, nous pouvons relever les expériences de René Warcollier, un ingénieur chimiste français ayant recruté une vingtaine de personnes pour participer à des expériences de télépathies : durant celles-ci, une personne observait une image fixe tandis qu’une autre, parfois située à des milliers de kilomètres, tentait de la reproduire à l’aveugle. « Warcollier développe des ‘Sociétés de télépathie’ qui expérimentent tous les week-ends avec des gens tout-venants. Certaines de ces expériences sont des essais de télépathie longue distance, par exemple entre Paris et Berlin, dont les résultats sont intrigants, explique Renaud Evrard. L’originalité de ces travaux est que les personnes testées n’étaient pas sélectionnées a priori selon leurs ‘dons’. On retrouvait des gens de bonne société : ingénieur, enseignant, pharmacien, etc. De plus, la recherche n’était pas tant orientée vers la preuve que vers la compréhension des mécanismes en jeu et le perfectionnement des perceptions par l’amélioration des techniques« . 

Par la suite, les expériences se multiplient avec des résultats parfois étonnants. « Mais la parapsychologie a mauvaise presse, déplore Renaud Evrard, alors que des études avec une méthodologie sérieuse sont publiées depuis des années« . La parapsychologie souffre ainsi d’un manque de considération générale de la part de la communauté scientifique, bien que plusieurs études aient obtenu des résultats positifs. Ces dernières ont notamment été réunies dans un état des lieux publié par le chercheur Etzel Cardeña en janvier 2018 dans la prestigieuse revue American Psychology. Dans son introduction, le chercheur explique : « Les preuves du psi (facultés extrasensorielles, ndlr) sont comparables à celles de phénomènes établis en psychologie et dans d’autres disciplines, bien qu’il n’y ait pas de compréhension consensuelle de ceux-ci« . Ces preuves, si elles doivent être reconnues, sont néanmoins faibles ; certains chercheurs estiment qu’elles pourraient être expliquées par le manque de fiabilité des protocoles expérimentaux, ou la présence d’erreurs dans quelques études de moindre qualité.

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Source: Sciencesetavenir.fr
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