Hépatite inconnue chez les enfants : symptômes, liens avec le Covid-19, cas en France

Hépatite inconnue chez les enfants : symptômes, liens avec le Covid-19, cas en France

Hépatite inconnue chez les enfants : symptômes, liens avec le Covid-19, cas en France

[Hépatite infantile d’origine inconnue] Au moins 230 enfants ont été touchés par la mystérieuse hépatite d’origine inconnue travers le monde. Pour l’heure, les cas restent très rares. Adénovirus, baisse d’immunité des enfants, co-infection par le Covid-19… Plusieurs pistes sont envisagées. Quels sont les symptômes ? On fait le point.

SOMMAIRE :

  • Hépatites graves infantiles : quels symptômes ?
  • Hépatites infantiles inconnues : combien de cas en France ?
  • Hépatites infantiles inconnues : que sait-on du lien avec le Covid-19 ?
  • Hépatites sévères : quelles sont les causes envisagées ?

Hépatite d’origine inconnue chez les enfants : ce qu’il faut retenir, les dernières infos au 20 mai 2022.

  • Près de 450 enfants seraient désormais touchés par une hépatite aigüe d’origine inconnue, cette maladie qui survient depuis la fin du mois de mars chez les enfants de moins de 10 ans.
  • Les cas d’hépatites infantiles seraient liés à un adénovirus (se transmettant par voie oro-fécale ou respiratoire), provoquant des symptômes intestinaux comme des vomissements et de la diarrhée. Mais aucune agence n’a à ce stade pu confirmer la cause définitive des cas.
  • La piste du Covid-19 semblerait se confirmer. Selon une étude de chercheurs de l’Université Case Western Reserve aux États-Unis, le Covid-19 pourrait être une des causes expliquant ces cas mystérieux, notamment parce que le Covid-19 entraînerait une élévation de la concentration de plusieurs enzymes hépatiques dans le sang. 
  • En Chine, l’Administration générale des douanes a annoncé renforcer ses contrôles médicaux aux frontières pour prévenir l’introduction de l’hépatite aiguë chez les enfants. « Les passagers, en particulier les enfants, présentant des symptômes tels que douleurs abdominales, diarrhée, vomissements et jaunisse, qui signalent volontairement ou sont trouvés sur les lieux, doivent subir une inspection médicale conformément aux procédures prescrites », relate le Global Times, média affilié aux autorités chinoises.
  • Aux États-Unis où une enquête des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) est menée, l’inquiétude monte après la détection de 109 cas d’hépatite infantile d’origine inconnue, ayant provoqué la mort de 5 enfants dans le pays. Le Dr Jay Butler, directeur adjoint des maladies infectieuses au C.D.C., a déclaré ce 6 mai, lors d’une conférence de presse, que la plupart des enfants s’étaient complètement rétablis. Mais plus de 90% ont été hospitalisés, 14% ont reçu des greffes de foie et plus de la moitié ont eu des infections à adénovirus. Cela dit, le nombre réel de cas d’hépatite aux États-Unis ne dépasse pas le nombre habituellement observé. Comme l’a souligné ce même spécialiste américain, « il est important de se rappeler que l’hépatite grave chez les enfants est rare, même avec l’augmentation potentielle des cas que nous signalons aujourd’hui. »
  • Le Royaume-Uni enquête de son côté sur un nombre beaucoup plus élevé – plus de 160 cas –.
  • Le 28 avril 2022, l’agence européenne chargée des maladies (ECDC) avait classé comme « événement de santé publique préoccupant » ces cas inexpliqués d’hépatites. « La maladie est assez rare et les preuves de transmissions d’humain à humain restent peu claires. Les cas dans l’Union européenne sont sporadiques avec une tendance peu claire« , a précisé l’ECDC. Le risque pour les enfants en Europe « ne peut pas être estimé précisément« , selon l’agence. « Néanmoins, considérant les cas rapportés d’insuffisance aiguë du foie, avec des cas nécessitant une transplantation, l’impact potentiel pour la population pédiatrique est considéré comme élevé. »

Hépatites graves infantiles : quels symptômes ?

Ces hépatites sévères concernent principalement des enfants âgés de moins de 10 ans. Les symptômes de ces inflammations graves du foie incluent, selon un communiqué de l’agence de sécurité sanitaire du Royaume-Uni (UKHSA) :

  • « une urine foncée,
  • des selles pâles et grises,
  • des démangeaisons cutanées,
  • un jaunissement des yeux et de la peau,
  • des nausées,
  • des douleurs musculaires et articulaires,
  • une température élevée,
  • une fatigue anormale,
  • une perte d’appétit
  • et des maux de ventre« .

Hépatites infantiles inconnues : combien de cas en France ?

En France, « deux cas d’hépatite aiguë dont l’étiologie est encore indéterminée ont été signalés par le CHU de Lyon » chez des enfants de moins de 10 ans et « sont en cours d’investigation », a indiqué l’agence Santé Publique France, interrogée par l’Agence France-Presse (AFP).

Les autorités sanitaires se veulent néanmoins rassurantes : « les cas d’hépatite aiguë d’étiologie indéterminée chez l’enfant ne sont pas rares. La survenue de ces deux cas n’est pas inattendue et ne témoigne pas, à ce stade, d’un excès de cas en France. Compte tenu de la recherche active de cas qui a été lancée par les autorités sanitaires, d’autres signalements sont probablement à attendre dans les prochains jours« .

Hépatites infantiles inconnues : que sait-on du lien avec le Covid-19 ?

Si plusieurs études avaient déjà confirmé un lien entre le Covid-19 et des élévations de concentration de certaines enzymes dans le sang, une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université Case Western Reserve vient confirmer cette hypothèse. Les chercheurs ont comparé deux groupes d’enfants : 245 000 ayant contracté le Covid et 550 000 avec d’autres infections respiratoires. Ils ont constaté que le risque hépatique était plus élevé dans la cohorte Covid, notamment à cause de l’excès d’enzymes ALT et AST et de biliburine, le pigment responsable de la jaunisse en cas d’hépatite. Le risque restait accru jusqu’à six mois après l’infection, ce qui « suggère des séquelles hépatiques aigües et à long terme chez les patients pédiatriques de Covid-19″.

Normalement sans conséquence, ces atteintes hépatiques peuvent s’avérer graves, même chez des enfants n’ayant pas de maladie du foie. Une autre étude publiée dans le Journal of Pediatric Gastroenterology and Nutrition a mis en évidence le cas d’une petite fille de 3 ans qui, après avoir eu une forme légère de Covid-19, a développé une hépatite d’origine auto-immune.

De leur côté, dans un bulletin commun publié le 13 mai, l’OMS et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a révélé que sur 173 cas testés par PCR pour le Covid-19, 20 se sont révélés positifs, soit 11,6%. Les résultats par sérologie n’étaient disponibles que pour 19 cas, dont 14 (soit 73,7%) se sont révélés positifs. Enfin, sur les 56 cas avec des données sur la vaccination, 47 n’étaient pas vaccinés, soit plus de 80%.

Hépatites sévères : quelles sont les causes envisagées ?

Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, « une cause infectieuse est la plus probable du fait des caractéristiques cliniques et épidémiologiques descas« . S’il ne s’agit pas d’hépatites A, B ou C (puisque les virus VHA, VHB et VHC n’ont été identifiés chez aucun enfant malade), il pourrait être question d’une infection par un adénovirus, selon les hypothèses les plus récentes. Rappelons qu’il existe une cinquantaine d’adénovirus, immunologiquement distincts, et généralement responsables de rhumes ou d’infections respiratoires plus sévères.

Ainsi, l’adénovirus AD-41 pourrait être à l’origine de cette mystérieuse épidémie : « AD-41 provoque généralement une maladie de type gastro-entérite chez l’enfant, avec des vomissements et de la diarrhée. Il n’est pas connu comme cause d’hépatite. Ceci dit, il est possible qu’il y ait quelque chose de légèrement différent chez ce virus en 2022, a expliqué le Pr. John Irving, spécialiste en microbiologie et en maladies infectieuses à l’université de Nottingham à nos confrères de Sciences et Avenir. Les enfants touchés, pour la plupart âgés de 3 à 6 ans, viennent de passer 2 ans à être fortement isolés et donc à ne pas être exposés à la gamme habituelle d’infections infantiles, et la sortie soudaine du confinement a entraîné une recrudescence des infections.« 

L’adénovirus a été détecté dans plus de 70 % des cas au Royaume-Uni et principalement dans le sang, a indiqué l’Agence britannique de sécurité sanitaire (UKHSA).

Selon l’OMS, qui a publié un rapport le 23 avril, il y a à ce stade 3 causes envisagées :

  • une sensibilité accrue chez les jeunes enfants suite à un niveau de circulation plus faible de l’adénovirus pendant la pandémie de Covid-19. En somme, leur système immunitaire serait moins efficace car mis en veilleuse pendant plusieurs mois.
  • l’émergence potentielle d’un nouvel adénovirus,
  • la co-infection par le SRAS-CoV-2En effet, le SRAS-CoV-2 a été détecté dans 18 % des cas au Royaume-Uni.

Malheureusement, à ce jour, « les informations détaillées recueillies par le biais d’un questionnaire sur les cas concernant la nourriture, les boissons et les habitudes personnelles n’ont permis d’identifier aucune exposition commune » conclut l’ECDC. Par ailleurs, les autorités britanniques soulignent que les enfants atteints au Royaume-Uni ne sont pas vaccinés contre le Covid-19 : ces hépatites n’ont donc probablement rien à voir avec la vaccination.

L’Organisation mondiale de la santé a également déclaré que la « grande majorité » des enfants n’avaient pas été vaccinés dans les cas qu’elle avait examinés.

Le mystère reste donc entier. « Nous avons déjà vu des adénovirus causer des hépatites chez des populations immunodéprimées. Mais plusieurs questions demeurent : « Pourquoi maintenant ? » Et « pourquoi dans le contexte de certains pays, et pas d’autres ?, fait remarquer à ici.radio-canada, le Dr Zain Chagla, spécialiste canadien des maladies infectieuses, à propos des enquêtes mondiales sur cette mystérieuse épidémie. Y a-t-il un cofacteur, comme une toxine, ou des facteurs génétiques, ou une autre infection comme la COVID-19, qui pourrait être impliqué dans tout cela ? »

En Israël, le Dr Yael Mozer Glassberg, chef de l’unité de transplantation hépatique du Schneider Children’s Medical Center, qui n’a pas constaté de bond énorme dans le nombre de cas, a toutefois déclaré à CBC News que chacun des cas examinés par son équipe avait contracté le Covid-19 (après avoir fait des tests sérologiques). A l’inverse, aucun enfant n’avait reçu de résultat positif à un test d’adénovirus. « Je ne peux pas dire que c’est la même chose que ce qui se passe en ce moment ailleurs dans le monde. Mais nous avons eu sept cas précis comme ça et une huitième personne est hospitalisée à l’heure actuelle. » « Il s’agit peut-être d’un nouveau virus. Peut-être que ce n’est pas l’adénovirus. Peut-être que ce n’est même pas causé par la COVID-19. Peut-être que c’est une combinaison des deux », conclut ce spécialiste.

Pour l’heure, l’ECDC recommande de renforcer les bonnes pratiques d’hygiène avec le « nettoyage des mains et des surfaces dans les lieux fréquentés par des jeunes enfants« .

Sources :

  • C.D.C. Is Investigating 109 Cases of Hepatitis in Children, Including 5 Deaths, New York Times, 6 mai 2022
  • Hepatitis of unknown origin in children, ECDC, 19 avril 2022
  • Multi-Country – Acute, severe hepatitis of unknown origin in children, OMS, 23 avril 2022
  • Joint ECDC-WHO regional office for Europe hepatitis of unknown origin in children surveillance bulletin, 13 mai 2022

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Source: topsante.com
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