EN DIRECT. Lancement de la mission Dart qui va s’écraser sur un astéroïde pour le dévier

La mission Dart de la Nasa doit être lancée mercredi 24 novembre. En septembre 2022, elle doit s’écraser sur l’astéroïde Dimorphos, un impact qui devrait permettre de modifier sa trajectoire. Cette mission test est un exercice de défense planétaire pour se protéger à l’avenir de l’impact de gros bolides venus de l’espace.

En route pour Didymos

Vue d’artiste de la mission Dart à l’approche du système double d’astéroïdes Didymos.

NASA/Johns Hopkins, APL/Steve Gribben

Le lancement de la mission américaine Dart (Double Asteroid Redirection Test), prévu ce mercredi 24 novembre à partir de 7h20 (heure de Paris) depuis la base de Vandenberg en Californie, marquera le premier épisode d’une aventure scientifique digne d’une superproduction hollywoodienne. L’objectif de la Nasa est en effet de tester pour la première fois la technique de l’impacteur cinétique pour modifier la trajectoire d’un astéroïde qui menacerait la Terre. Car si la probabilité de chute d’un astéroïde semblable à celui qui a signé la fin des dinosaures est faible, « on sait qu’à long terme cela va se produire, souligne Patrick Michel, astrophysicien à l’observatoire de Côte d’Azur. Mieux vaut s’y préparer ! »

Un choix qui s’explique par la taille de la lune de Didymos

C’est dans une perspective dedéfense planétaire, donc, que la mission Dart est lancée à destination de l’astéroïde double Didymos (« jumeau » en grec). Elle arrivera à destination fin septembre 2022, après plus d’un an de croisière. Ce système binaire géocroiseur est composé d’un corps principal d’environ 780 mètres de diamètre et d’une petite lune de 160 mètres, Dimorphos, qui tourne rapidement autour de lui à une distance de 1,2 km. Le choix de Didymos s’explique non pas parce qu’il est une menace, mais par la taille de sa lune : si un astéroïde de plus de 140 mètres s’écrasait sur la Terre, cela aurait des effets catastrophiques à l’échelle d’un pays, voire d’un continent. Ce seuil est donc celui qui déclencherait une opération de déviation si un tel objet menaçait la Terre. En deçà, l’objet aurait de fortes chances d’exploser dans l’atmosphère ou de provoquer des dégâts très locaux.

Selon la Nasa, plus de 16.000 astéroïdes géocroiseurs ont été découverts à ce jour. Le plus grand impact d’astéroïde enregistré à ce jour est celui de Toungouska, en Sibérie, le 30 juin 1908. Il a dégagé une puissance cent fois supérieure à la bombe d’Hiroshima et a dévasté une région de plus de 2.000 km2. La fréquence d’impact d’un objet de plus de 140 mètres avec la Terre est d’un tous les 10.000 ans. Mais les objets plus petits présentent également une menace.

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En 2013, un bolide lumineux a traversé le ciel de Tcheliabinsk, en Sibérie, avec une vitesse de 18,6 km/s. Les observations ont permis d’estimer son diamètre à environ 18 mètres et sa masse à près de 11 000 tonnes. « L’énergie libérée par l’impact est estimée à environ 440 kilotonnes (c’est-à-dire l’équivalent de 440.000 tonnes d’explosifs), souligne un texte des Nations unies publié à l’occasion de la Journée internationale des astéroïdes le 30 juin 2021. Le risque d’impact de tels objets représente un problème mondial qui requiert une réponse internationale coordonnée« .

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Un impact à une vitesse de 24.000 km/h

En septembre 2022, le système Didymos sera à moins de 11 millions de kilomètres de la Terre, ce qui permettra de l’observer à l’aide de télescopes pour mesurer avec précision ses propriétés avant l’arrivée de Dart. Celui-ci est doté d’un moteur ionique (qui accélère des ions à très haute vitesse), ce qui lui permettra d’ajuster sa trajectoire pour venir s’écraser sur Dimorphos à une vitesse de 24.000 km/h. La manœuvre sera guidée par une caméra embarquée et un logiciel de navigation autonome très précis.

La collision modifiera de 1% la vitesse de la lune sur son orbite autour du corps principal. Cela semble insignifiant, mais cela devrait suffire à modifier l’orbite de la lune. Celle-ci demeurera néanmoins captive du système d’astéroïde, afin d’éviter de propulser de manière incontrôlée dans l’espace un objet qui pourrait menacer à terme la Terre. Le 30 septembre 2022 donc (date prévue à ce jour pour l’impact), alors que le système Didymos sera au plus près de nous, les observatoires terrestres seront braqués vers sa lune pour mesurer sa déviation et observer ce qui devrait générer un panache semblable à la chevelure d’une comète.

L’épisode suivant de la saga aura pour héroïne la mission européenne Hera, qui doit partir en octobre 2024 de Kourou pour rejoindre à son tour Didymos, quatre ans après l’impact. Ce délai dû à des volte-faces de l’agence spatiale européenne ne devrait pas avoir de conséquence, car les changements sur des corps dépourvus d’atmosphère ne se produisent qu’à des échelles géologiques. Hera pourra ainsi mesurer le ralentissement de la trajectoire de Dimorphos dû à l’impact et sa période orbitale autour du corps principal. Elle dressera également une image 3D du cratère. Dart et Hera nous promettent ainsi du grand spectacle spatial dans les années à venir.


Source: Sciencesetavenir.fr
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