Coup de foudre : la chimie du désir

L’amour n’a pas grand-chose à voir avec le cœur, le coup de foudre venant d’un mécanisme purement cérébral.

Coup de foudre

Dopamine, endorphine et adrénaline conduisent à une alchimie instantanée

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Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°210 daté juillet/ septembre 2022.

Tout s’efface de votre champ de conscience hormis le visage que vous regardez. C’est le coup de foudre, un désir subit et violent ! Mais si les battements s’accélèrent dans votre poitrine, l’amour n’a pas grand-chose à voir avec le cœur.

Dopamine, endorphine et adrénaline

« Le coup de foudre est une réaction purement cérébrale » , assure Bernard Sablonnière, professeur de biochimie et chercheur à l’Inserm. Les coupables de cette alchimie instantanée ? Dopamine, endorphine et adrénaline ! « Les signaux que l’on reçoit de l’autre activent immédiatement le système limbique – ou ‘cerveau des émotions’ – en stimulant le circuit du désir, explique-t-il. Celui-ci libère un neurotransmetteur, ‘clé’ chimique de l’envie : la dopamine. L’effet est le même que celui provoqué par une drogue ! En réponse à la dopamine, ce circuit active en effet la libération d’hormones du plaisir – les endorphines – et réduit le stress. »

Dans le même temps, l’amygdale a fonctionné comme un système d’alerte en déclenchant la libération d’une autre hormone, l’adrénaline. Celle-ci a provoqué un stress intense, à l’origine du feu aux joues, des frissons ou des jambes flageolantes, et activé toutes nos perceptions sensorielles, provoquant de nombreuses émotions comme la joie ou la peur. « Percer l’intimité de l’autre, c’est prendre un risque, souligne le chercheur. On se demande : ‘J’y vais ou je n’y vais pas ?' »

Puis le désir s’émousse

Mais le désir est plus fort, et la dopamine ordonne au cerveau de foncer pour obtenir le plaisir attendu ! Un processus qui se jouerait en quelques fractions de seconde ou minutes. Les troubles compulsifs du type « je n’ai plus faim », « je le/la bombarde de messages » s’expliquent aussi par ces va-et-vient hormonaux continuels. Par ailleurs, pendant quelques semaines, le lobe frontal – situé en avant du système limbique – met en sommeil notre jugement.

Mais le désir s’émousse au bout de deux ou trois ans, le plus souvent. La routine s’installe. Le cerveau aurait en fait évolué pour que la forte attirance initiale tienne. .. le temps de concevoir un enfant. Question de survie de l’espèce. Reste qu’on ignore toujours pourquoi une personne va expérimenter un ou des coup(s) de foudre, et pas une autre.

Par Laureen Bouyssou

Source: Sciencesetavenir.fr
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