Changement climatique : quel effort devrait accomplir la France au regard de sa responsabilité historique ?
Le Réseau Action Climat (RAC) vient de calculer l’effort que devrait accomplir la France au regard de sa responsabilité historique dans les émissions de gaz à effet de serre. Ce principe de « justice climatique » représente un poids économique et financier énorme.
2,7% des 1,5 trillion (milliard de milliard) de tonnes de CO2 émises depuis 1850 incombent aux activités industrielles, minières et consuméristes françaises.
C’est une antienne qu’on entend souvent : à quoi bon agir pour le climat alors que la France n’émet que 400 millions de tonnes de CO2 sur les 40 milliards émis par l’humanité ? Outre que l’effort à accomplir ne peut être collectif puisque tout un chacun contribue aux émissions, la France a une double responsabilité : elle fait partie des premiers pays industriels émettant des gaz à effet de serre depuis 1850. Et c’est un pays riche. « La justice climatique, c’est prendre en compte à la fois ce passé industriel basé sur les énergies fossiles et la richesse actuelle du monde très inégale entre pays développés et pauvres pour calculer la part de chacun dans l’effort commun« , résume Aurore Mathieu, responsable des politiques internationales au Réseau Action Climat France (RAC). « Les États du Sud ne cessent de proclamer qu’ils ne sont en rien responsables de la situation actuelle alors qu’ils en sont les premières victimes, notamment par l’augmentation de la force des tempêtes tropicales et la durée des sécheresses », complète Fanny Petibon, chargée de mission à l’ONG d’entraide internationale CARE France.
Cette responsabilité « commune mais différenciée » est inscrite dans l’accord de Paris adopté en 2015. Le RAC vient donc de publier la « part juste » de l’effort de la France et des Français. Et le résultat excède largement les stratégies actuellement mises en œuvre sur le territoire et les sommes consacrées à aider les pays en voie de développement à s’adapter au changement climatique. Au regard de sa responsabilité historique, l’Hexagone devrait abaisser ses émissions de 68% d’ici 2030 pour, à la fois, respecter l’accord de Paris et compenser ses émissions anciennes. Et si l’on prend en compte la « capacité d’agir » — c’est-à-dire la richesse du pays et de ses habitants les plus aisés (les catégories les moins favorisées sont exclues du calcul) permettant de financer les investissements en énergie renouvelable et des infrastructures protégeant les populations les plus menacées par les changements climatiques —, c’est 400 milliards d’euros qu’il faudrait débourser d’ici la fin de la décennie.