Changer de trajet, tester un nouveau menu… L’exploration entraîne une augmentation forte de l’attention, selon des signatures cérébrales et corporelles intenses. C’est ce processus qui semble affecté chez les personnes atteintes de troubles obsessionnels compulsifs (TOC).
Chaque fois que nous testons volontairement quelque chose de nouveau, notre cerveau réagit d’une façon particulière.
Et si vous commandiez à manger dans un nouveau restaurant ce soir ? Cette décision n’a l’air de rien, mais pour votre cerveau, elle implique des processus très spécifiques, détaillent de nouveaux travaux dans la revue eLife. Retard de battement cardiaque, dilatation pupillaire, ondes cérébrales spécifiques et baisse de confiance dans nos choix, l’exploration oblige notre cerveau à porter une attention nettement plus intense à notre environnement qu’à l’accoutumée.
Cœur, pupilles, cerveau : le corps réagit à l’exploration d’une nouveauté
Imaginez que vous êtes en voiture, où vous hésitez à changer votre trajet de retour du travail pour tester la baguette « tradition » d’une nouvelle boulangerie. Vous êtes alors en plein « dilemme exploration-exploitation », où « l’exploitation » de votre boulangerie habituelle vous donnera un pain de qualité connue et un trafic prévisible, tandis que l’exploration vers une nouvelle échoppe ne vous réserve que des inconnues – positives ou négatives. Tablant sur une belle surprise, vous êtes sur le point d’opter pour l’exploration. Quelques secondes avant que la décision ne soit prise, votre cerveau supprime les ondes alpha de votre système visuel, un effet caractéristique d’une attention soutenue, explique à Sciences et Avenir Valentin Wyart, qui a dirigé ces travaux. Puis, au moment où vous pincez le quignon de votre nouvelle baguette, votre cerveau est en éveil : avez-vous fait le bon choix ? La fréquence de votre cœur ralentit légèrement, avec comme un retard dans son battement. Vos pupilles se dilatent, signe indirect que votre cerveau a probablement activé votre système noradrénergique. Ce dernier est notamment localisé dans le locus ceruleus, zone cérébrale qui relâche la noradrénaline, une neuro-hormone impliquée dans l’attention.
Différencier la signature de l’exploration de celle du changement de comportement qui en découle
Ces découvertes, l’équipe les a faites en laboratoire, grâce à une méthodologie innovante et minutieusement calibrée.