Biais cognitif : dès bébé, nous construisons nos préférences en fonction de nos choix

Pensiez-vous que vos préférences guidaient vos choix ? Parfois, c’est pourtant l’inverse qui se passe : nous justifions nos choix a posteriori pour éviter une dissonance cognitive. Un biais dont nous sommes victimes dès bébé, d’après de nouveaux travaux.

Bébé choisit des cubes

« Non seulement nous aimons avoir le choix, mais nous utilisons nos choix pour tirer des conclusions sur nous-mêmes« , concluent-les chercheurs.

Jasper White CM / Image Source / Image Source via AFP

Parfois, nous choisissons les choses que nous aimons. Et parfois au contraire, nous aimons les choses justement parce que nous les avons choisies. Ce biais cognitif nous permet de justifier un choix a posteriori, même s’il a sur le moment été fait au hasard. Les singes et les enfants en sont également victimes… Ainsi que les nourrissons, concluent des travaux de l’Université Johns Hopkins (Etats-Unis) oubliés dans Psychological Science.

Si je ne l’ai pas choisi, c’est que ça doit être moins bien

Lorsqu’on présente à des enfants de quatre ans des jouets quasiment identiques, et qu’ils en choisissent un, ils continueront à rejeter celui qu’ils ont laissé de côté lors des choix ultérieurs. Ce biais du changement de préférence induit par le choix, nous en sommes constamment victimes : préférez-vous réellement ce côté du lit ? Cette marque de céréales ? Et votre raie de cheveux, ne pourriez-vous par la tracer de l’autre côté de votre crâne de temps en temps ? « Le simple fait de choisir peut modifier notre disposition à l’égard des options proposées« , exposent les chercheurs dans la publication. Autrement dit, « j’ai choisi ça, donc je dois aimer ça. Je n’ai pas choisi cette autre chose, donc ça ne doit pas être si bon. Les adultes font ces déductions inconsciemment« , explique dans un communiqué Lisa Feigenson, qui a dirigé ces travaux.

Mais on ne sait pas quand ce biais apparait exactement. Une hypothèse voudrait que l’expérience soit nécessaire au développement de la préférence induite par le choix. « Les individus peuvent progressivement apprendre que des préférences incohérentes sont désagréables et génératrices de conflits« , proposent d’abord les auteurs. D’autres ont affirmé que « ce changement de préférence implique une conscience de soi, qui peut ne pas être présente au début de la vie« .

Les bébés aussi dédaignent les objets qu’ils n’ont précédemment pas choisis

Pour le vérifier, les scientifiques ont proposé une série de choix à 189 bébés de 10 à 20 mois. Deux cubes étaient placés devant eux, de couleurs vives avec des pois, et dont de précédentes études avaient établi qu’ils étaient aussi désirables l’un que l’autre. Le bébé était alors laissé libre de se déplacer vers celui de son choix. L’expérimentateur reprenait alors les cubes, et lui re-proposait celui qu’il avait délaissé la première fois, ainsi qu’un nouveau. 73% des enfants ont choisi le nouveau cube. Or, dans une seconde expérience dans laquelle les chercheurs ont présenté certains cubes dans des boites transparentes, ils ont vérifié que les bébés ne choisissaient pas spécialement en fonction de la nouveauté. 

Reste une vérification à faire. Car pour confirmer le biais de préférence en fonction du choix, il faut que le choix initial soit peu motivé (sinon, ce n’est plus un biais… Mais un vrai choix !). Pour vérifier que les bébés n’ont pas choisi en fonction de préférences individuelles qui les ont conduits à éviter le cube non choisi, les expérimentateurs réalisent une dernière manipulation. Les deux cubes leur sont montrés, puis sont ostensiblement cachés dans des boîtes opaques. L’enfant peut donc choisir le cube préféré. Mais grâce à un petit tour de passe-passe, les cubes sont inversés, si bien que le bébé reçoit forcément celui qu’il n’avait pas préféré à la base. Ce cube « préféré mais non reçu » leur a ensuite été reproposé face à un troisième cube. 70% des bébés ont préféré le nouveau cube, plutôt que le cube qu’ils étaient supposés avoir préféré la première fois.

C’est comme s’ils se disaient : « Hmm, je n’ai pas choisi cet objet la dernière fois, je suppose que je ne l’ai pas beaucoup aimé« , explique Lisa Feigenson. « C’est le phénomène central. Les adultes aimeront moins la chose qu’ils n’ont pas choisie, même s’ils n’avaient pas de réelle préférence au départ. Et les bébés, de la même façon, ne préfèrent pas l’objet non choisi. »

Les bébés non plus « ne choisissent pas vraiment en fonction de la nouveauté ou d’une préférence intrinsèque« , s’étonne dans un communiqué Alex Silver, premier auteur de la publication. « Je pense que c’est vraiment surprenant. On ne s’attendrait pas à ce que les enfants fassent des choix aussi méthodiques. » D’après l’équipe, ces résultats suggèrent que contrairement à ce qui a pu être avancé auparavant, le changement de préférence induit par un choix ne nécessite ni une grande expérience en matière de choix, ni une capacité métacognitive avancée ou un sens du soi développé. « Non seulement nous aimons avoir le choix, mais nous utilisons nos choix pour tirer des conclusions sur nous-mêmes« , concluent-ils.

Parfois, nous choisissons les choses que nous aimons. Et parfois au contraire, nous aimons les choses justement parce que nous les avons choisies. Ce biais cognitif nous permet de justifier un choix a posteriori, même s’il a sur le moment été fait au hasard. Les singes et les enfants en sont également victimes… Ainsi que les nourrissons, concluent des travaux de l’Université Johns Hopkins (Etats-Unis) oubliés dans Psychological Science.

Si je ne l’ai pas choisi, c’est que ça doit être moins bien

Lorsqu’on présente à des enfants de quatre ans des jouets quasiment identiques, et qu’ils en choisissent un, ils continueront à rejeter celui qu’ils ont laissé de côté lors des choix ultérieurs. Ce biais du changement de préférence induit par le choix, nous en sommes constamment victimes : préférez-vous réellement ce côté du lit ? Cette marque de céréales ? Et votre raie de cheveux, ne pourriez-vous par la tracer de l’autre côté de votre crâne de temps en temps ? « Le simple fait de choisir peut modifier notre disposition à l’égard des options proposées« , exposent les chercheurs dans la publication. Autrement dit, « j’ai choisi ça, donc je dois aimer ça. Je n’ai pas choisi cette autre chose, donc ça ne doit pas être si bon. Les adultes font ces déductions inconsciemment« , explique dans un communiqué Lisa Feigenson, qui a dirigé ces travaux.

Mais on ne sait pas quand ce biais apparait exactement. Une hypothèse voudrait que l’expérience soit nécessaire au développement de la préférence induite par le choix. « Les individus peuvent progressivement apprendre que des préférences incohérentes sont désagréables et génératrices de conflits« , proposent d’abord les auteurs. D’autres ont affirmé que « ce changement de préférence implique une conscience de soi, qui peut ne pas être présente au début de la vie« .

Les bébés aussi dédaignent les objets qu’ils n’ont précédemment pas choisis

Pour le vérifier, les scientifiques ont proposé une série de choix à 189 bébés de 10 à 20 mois. Deux cubes étaient placés devant eux, de couleurs vives avec des pois, et dont de précédentes études avaient établi qu’ils étaient aussi désirables l’un que l’autre. Le bébé était alors laissé libre de se déplacer vers celui de son choix. L’expérimentateur reprenait alors les cubes, et lui re-proposait celui qu’il avait délaissé la première fois, ainsi qu’un nouveau. 73% des enfants ont choisi le nouveau cube. Or, dans une seconde expérience dans laquelle les chercheurs ont présenté certains cubes dans des boites transparentes, ils ont vérifié que les bébés ne choisissaient pas spécialement en fonction de la nouveauté. 

Source: Sciencesetavenir.fr
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