8 annonces majeures : la COP26 à l’heure du bilan

Sous l’impulsion de la présidence britannique, la COP26 a été l’occasion d’un nombre exceptionnellement élevé d’engagements des états sur des objectifs variés. Non contraignante, cette méthode doit encore faire la preuve de son efficacité. Par notre envoyé spécial à Glasgow.

COP26 de Glasgow, en Ecosse.

A la COP26 de Glasgow, en Ecosse. Il ne reste que 10 ans pour limiter à 1,5°C la montée des températures mondiales.

ANDY BUCHANAN / AFP

Mobilité, sortie du charbon, méthane, « zéro émission nette » : le quotidien de la COP26 a été rythmé par les engagements de groupes d’Etats sur des objectifs ciblés de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Partiels, sans contraintes juridiques, parfois flous, ces textes n’engagent que ceux qui y croient selon leurs détracteurs. Au contraire, selon ses partisans, ils constituent un bon moyen de mettre des dossiers oubliés sur le haut de la pile et pourraient engager ceux qui demeurent hésitants. Revue des principales annonces faites durant la quinzaine de Glasgow.

1. Pour une ambition plus forte

L’objectif de maintenir la hausse des températures à 1,5°C n’est pas abandonné bien que, selon les calculs du Global carbon project, il ne reste plus que dix ans pour dépasser ce seuil critique. La « coalition pour une haute ambition » comprend 26 pays qui veulent tout mettre en œuvre pour rester en dessous de cette barre. Les Etats signataires s’engagent à réduire de moitié leurs émissions d’ici 2030 et appellent tous les Etats à atteindre le « zéro émission net » en 2050. La France a adhéré à cet objectif.

2. La sortie du pétrole et du gaz

C’est une première dans l’histoire des relations internationales. L’initiative « beyond oil and gas » (BOGA) entend fixer une date de sortie progressive de l’extraction de pétrole et de gaz. Cette alliance toute nouvelle co-présidée par le Costa Rica et l’Allemagne veut fournir à la communauté internationale les pratiques et méthodes qui vont permettre d’éliminer progressivement cette production qui couvre aujourd’hui 80% des besoins énergétiques mondiaux. Les douze Etats membres de BOGA s’engagent à ce que cette question épineuse de la fin de l’exploitation pétrolière reste inscrite à l’agenda de toutes les prochaines étapes de la négociation internationale. La France est membre de BOGA.

3. La sortie du charbon

Au moins 23 pays ont annoncé vouloir arrêter de consommer du charbon, dont des Etats très dépendants comme la Pologne. 25 pays et institutions financières ont par ailleurs affirmé qu’ils ne financeraient plus des centrales à charbon hors de leurs frontières. Cet engagement est présenté comme « historique » par la présidence britannique de la COP26 et de fait, jusqu’ici aucune déclaration solennelle sur la question n’avait été enregistrée. Près de 16 milliards d’euros d’investissement par an passeraient ainsi vers les énergies renouvelables. La France s’est jointe à cette initiative le 12 novembre.

4. L’engagement méthane

105 pays affirment vouloir abattre les émissions de méthane de 30% d’ici 2030. Longtemps oublié des négociations climat, le deuxième gaz à effet de serre 80 fois plus puissant que le CO2 mais présent dix ans seulement dans l’atmosphère fait désormais l’objet d’un programme de réduction. Les technologies existent pour identifier les grosses fuites provenant des installations gazières et des pipelines. Ce sera plus compliqué pour les émissions provenant de l’élevage bovin et des fumiers agricoles. A noter que le retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris a fait basculer l’agenda climatique. Alors que les questions d’adaptation des pays en voie de développement aux impacts du changement climatique étaient primordiales lors des précédentes négociations, ce sont les questions de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui ont dominé cette COP. Cette inflexion vers « l’atténuation » a été fortifiée par l’annonce surprise d’une alliance entre la Chine et les USA pour lutter contre les émissions de méthane.

5. Une coalition globale pour les énergies renouvelables

La plus grande coalition en faveur des énergies propres a été lancée à Glasgow. Elle regroupe des Etats, des industriels, des organisations internationales, des scientifiques et des regroupements de citoyens. Cette initiative est baptisée « Green grids. One sun, one world, one grid » (réseau vert : un soleil, une planète, un réseau). Il s’agit d’accélérer la construction de grandes centrales solaires et d’interconnecter les réseaux électriques. La France fait partie du comité de pilotage aux côtés de l’Inde, du Royaume-Uni et des Etats-Unis.

6. L’arrêt de la déforestation

Plus de 100 pays représentant au total 85% des forêts du monde se sont donnés pour objectif de stopper la déforestation d’ici à 2030. Les grands pays forestiers comme le Brésil, le Canada, la Russie et la République démocratique du Congo (RDC) sont signataires de cet engagement qui est par ailleurs doté de 17 milliards d’euros de fonds publics et privés. Suffisant pour entamer un réel arrêt de la déforestation ? Cet objectif figurait déjà dans la Convention climat de 1992 et dans les objectifs d’Aichi de 2010 sans que le recul des couverts arborés soit stoppé.

7. Plus de voitures thermiques en 2040

Plus d’une trentaine d’Etats, des constructeurs automobiles, des collectivités locales et des gestionnaires de flottes de véhicules affirment qu’ils cesseront de construire et d’utiliser des véhicules thermiques au mieux en 2035, au plus tard en 2040. Les constructeurs sont encore peu nombreux à s’être engagés et les gestionnaires de parcs automobiles comme Uber ou Ikea sont très minoritaires. Les promoteurs espèrent que les adhérents vont augmenter dans les prochains mois. C’est également la première fois qu’un tel engagement est formulé.

8. Une agriculture plus résiliente

45 gouvernements plaident pour une protection renforcée de la nature et pour une agriculture plus respectueuse des écosystèmes. 95 entreprises de l’agro-alimentaire affirment vouloir changer leurs pratiques pour mieux préserver les milieux naturels. 26 Etats ont également déposé de nouveaux engagements pour changer leur politique agricole afin qu’elle soit plus durable et moins polluante.

Source: Sciencesetavenir.fr
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