10 litres d’alcool pur par habitant, 100 milliards de cigarettes : les Allemands restent de gros consommateurs de substances addictives

Tabac, alcool, ces drogues légales affectent la santé des Allemands de manière notable. Pendant la pandémie, le nombre de fumeurs a même augmenté. La solution passe-t-elle par une réglementation plus stricte, une interdiction de la publicité ou un contrôle de la commercialisation, à l’instar du système que le gouvernement espère instaurer dans le cadre de la légalisation du cannabis ?

Oktoberfest à Munich en 2019

Oktoberfest à Munich en 2019

Tobias SCHWARZ / AFP

Les Allemands restent de gros consommateurs de substances addictives 

Dans l’édition 2022 de son rapport annuel sur les addictions, le Centre allemand d’addictologie (DHS) constate que la consommation d’alcool et de tabac en Allemagne est toujours trop élevée. Certes le nombre de cigarettes fumées – cigarettes manufacturées, comme cigarettes roulées – continue de diminuer, mais il s’élève tout de même à plus de 100 milliards en 2021. Cette baisse est en outre contrebalancée par l’augmentation constante et inquiétante de la consommation de tabac pour pipe à eau (chicha), de l’ordre de 40% entre 2020 et 2021. Comme l’explique l’hebdomadaire Zeit, cette hausse s’explique par la popularité de cette forme de consommation auprès des adolescents et des jeunes adultes. Les derniers chiffres datant de 2020 montrent ainsi que chez les plus de 18 ans, une Allemande sur 4 et un Allemand sur 3 sont des fumeurs. De la même manière, malgré un net recul, la consommation d’alcool reste toujours problématique. S’il y a diminution, elle ne s’observe en effet que sur le très long terme, puisque la consommation moyenne d’alcool pur par habitant âgé de 15 ans et plus est passée de 14,4 litres en 1970 à 10,2 litres en 2019. Le DHS insiste sur les conséquences économiques et sanitaires de ces addictions : le coût global annuel du traitement des maladies liées au tabac approche les 100 milliards d’euros, et plusieurs dizaines de milliers de personnes meurent chaque année en Allemagne des suites du tabagisme (127.000 en 2018). La consommation d’alcool est d’ailleurs qualifiée de « poison cellulaire« . Enfin, dans la mesure où la pandémie a également un impact non négligeable sur la santé mentale de la population, le DHS note que depuis deux ans, de nombreuses personnes ont recours aux substances addictives pour compenser leur stress.

Le nombre de fumeurs a augmenté pendant la pandémie

La pandémie a en effet eu un impact notable sur la consommation de tabac, remarque de son côté la Süddeutsche Zeitung. Car les chiffres globaux du rapport annuel du Centre allemand d’addictologie masquent une réalité plus nuancée et plus inquiétante, qui apparaît dans les résultats de l’enquête sur le tabagisme en Allemagne (Debra), réalisée par l’hôpital universitaire de Düsseldorf. S’il est vrai que le nombre total de cigarettes fumées a diminué au cours des deux dernières années, en revanche le nombre de fumeurs a augmenté. Le pourcentage de fumeurs avant la pandémie était en effet de l’ordre de 26 à 27% de la population âgée de plus de 14 ans, alors qu’à présent il en représente près de 33%. Cette évolution, qualifiée d’ »effrayante » par l’épidémiologiste Daniel Kotz, qui a dirigé l’enquête, concerne surtout l’année 2021. Elle va très certainement compliquer la tâche des politiques, car l’Allemagne envisage une suppression complète du tabac en 2040. Sans oublier que le pays est à présent confronté aux conséquences des précédentes décennies marquées par une forte présence du tabagisme.

Les Allemands restent de gros consommateurs de substances addictives 

Dans l’édition 2022 de son rapport annuel sur les addictions, le Centre allemand d’addictologie (DHS) constate que la consommation d’alcool et de tabac en Allemagne est toujours trop élevée. Certes le nombre de cigarettes fumées – cigarettes manufacturées, comme cigarettes roulées – continue de diminuer, mais il s’élève tout de même à plus de 100 milliards en 2021. Cette baisse est en outre contrebalancée par l’augmentation constante et inquiétante de la consommation de tabac pour pipe à eau (chicha), de l’ordre de 40% entre 2020 et 2021. Comme l’explique l’hebdomadaire Zeit, cette hausse s’explique par la popularité de cette forme de consommation auprès des adolescents et des jeunes adultes. Les derniers chiffres datant de 2020 montrent ainsi que chez les plus de 18 ans, une Allemande sur 4 et un Allemand sur 3 sont des fumeurs. De la même manière, malgré un net recul, la consommation d’alcool reste toujours problématique. S’il y a diminution, elle ne s’observe en effet que sur le très long terme, puisque la consommation moyenne d’alcool pur par habitant âgé de 15 ans et plus est passée de 14,4 litres en 1970 à 10,2 litres en 2019. Le DHS insiste sur les conséquences économiques et sanitaires de ces addictions : le coût global annuel du traitement des maladies liées au tabac approche les 100 milliards d’euros, et plusieurs dizaines de milliers de personnes meurent chaque année en Allemagne des suites du tabagisme (127.000 en 2018). La consommation d’alcool est d’ailleurs qualifiée de « poison cellulaire« . Enfin, dans la mesure où la pandémie a également un impact non négligeable sur la santé mentale de la population, le DHS note que depuis deux ans, de nombreuses personnes ont recours aux substances addictives pour compenser leur stress.

Le nombre de fumeurs a augmenté pendant la pandémie

La pandémie a en effet eu un impact notable sur la consommation de tabac, remarque de son côté la Süddeutsche Zeitung. Car les chiffres globaux du rapport annuel du Centre allemand d’addictologie masquent une réalité plus nuancée et plus inquiétante, qui apparaît dans les résultats de l’enquête sur le tabagisme en Allemagne (Debra), réalisée par l’hôpital universitaire de Düsseldorf. S’il est vrai que le nombre total de cigarettes fumées a diminué au cours des deux dernières années, en revanche le nombre de fumeurs a augmenté. Le pourcentage de fumeurs avant la pandémie était en effet de l’ordre de 26 à 27% de la population âgée de plus de 14 ans, alors qu’à présent il en représente près de 33%. Cette évolution, qualifiée d’ »effrayante » par l’épidémiologiste Daniel Kotz, qui a dirigé l’enquête, concerne surtout l’année 2021. Elle va très certainement compliquer la tâche des politiques, car l’Allemagne envisage une suppression complète du tabac en 2040. Sans oublier que le pays est à présent confronté aux conséquences des précédentes décennies marquées par une forte présence du tabagisme. Par ailleurs, les nombreux cancers développés par les fumeurs augmentent notablement les risques de mortalité, avec une différence entre les sexes qui va en s’accentuant. Au cours de ces 20 dernières années, on a ainsi constaté une augmentation des cancers du poumon et des bronches chez les femmes allemandes – ce qui pourrait être le résultat de l’augmentation de la proportion de fumeuses qui s’est produite à partir des années 1950. En revanche, même si les fumeurs ont plus de risques de mourir des suites de la consommation de tabac, le taux de mortalité des hommes est en baisse depuis le début du 21e siècle.

Interdire la publicité pour les drogues légales

Constatant de son côté la trop grande accessibilité des drogues légales (tabac, mais surtout alcool), la Chambre fédérale des psychothérapeutes allemands (BPTK) demande au gouvernement fédéral d’appliquer de nouvelles stratégies. Puisque « aucune politique en matière de drogues ne peut empêcher l’expérimentation et l’usage des drogues« , argumente la BPTK, il semble nécessaire de mettre en place une forte réglementation pour limiter les mises en danger et la dépendance. Comme le rapporte le Spiegel, cette réglementation pourrait tout d’abord passer par une restriction des conditions d’accès, avec la détermination d’un âge minimum (18 ans) pour l’achat, l’augmentation du prix de l’alcool, et la limitation de la vente dans des boutiques agréées et par du personnel spécialisé, à même d’informer sur les effets et de vérifier l’âge des acheteurs. À l’heure actuelle, tout un chacun a la possibilité de s’approvisionner à toute heure. Or « l’alcool est nettement plus dangereux que le cannabis« , affirme la BPTK, car il peut être mortel, et près d’une personne sur cinq en consomme de manière risquée en Allemagne. En comparaison, le cannabis serait modérément nocif, sans être pour autant inoffensif. La BPTK constate en outre que l’usage du cannabis est en augmentation depuis des décennies, et comme son objectif reste d’éviter une consommation abusive menant à la dépendance, elle propose de limiter la teneur en THC (tétrahydrocannabinol, la substance psychoactive) à 15%. Elle demande enfin l’interdiction de la publicité de toutes les drogues légales, ce qui s’inscrirait dans une politique de prévention plus efficace, en plus d’une augmentation du dépistage précoce. En misant de cette façon sur « l’usage éclairé, compétent et responsable des drogues« , alors que jusqu’à récemment elle ne cessait de mettre en garde contre les dangers de la consommation de cannabis, la BPTK fait un pas en faveur de la politique gouvernementale, qui envisage la légalisation du cannabis ; mais réussira-t-elle pour autant à mieux faire entendre ses revendications sur l’alcool ?

Le projet de loi sur la légalisation du cannabis est en route

Ça y est, se réjouit la tageszeitung. Les premières consultations d’experts sont lancées au ministère fédéral de la Santé. Thème des auditions : la légalisation du cannabis, qui sera abordée sous tous ses aspects : protection de la santé et des consommateurs, protection de la jeunesse et prévention, chaînes d’approvisionnement, questions écologiques et économiques, mais aussi pénalisation, mesures de contrôle et octroi de licences. Plus de 200 spécialistes en toxicomanies, en droit ou en économie vont ainsi aider le gouvernement allemand à préparer un document de référence qui servira de base au futur projet de loi. Le processus, bloqué par la pandémie puis par la guerre en Ukraine, semble remis sur les rails, alors que le ministre fédéral de la Santé, le médecin Karl Lauterbach (SPD), déclarait encore en février 2022 qu’il était opposé au projet. Il vient semble-t-il de changer d’avis, en annonçant que le projet de loi sur la « distribution contrôlée de cannabis aux adultes à des fins de consommation dans des magasins agréés« , prévu dans le contrat de coalition, serait présenté avant la fin de l’année. De nombreux points restent cependant en suspens et les expériences déjà menées dans d’autres pays ont montré à quel point la mise en place de ce commerce réglementé est difficile à réaliser. Ainsi, au Canada, le nombre trop restreint de magasins a impliqué des prix élevés qui ont aidé à faire prospérer le marché noir. Il sera donc nécessaire de résoudre de multiples questions – celles du prix, de la taxation, mais aussi du taux maximal de THC autorisé pour circuler sur les routes… – avant de réussir à établir « un système sans faille qui contrôle tout » : culture, commerce et consommation. L’aspect juridique est le plus épineux, car une légalisation du cannabis en Allemagne contreviendrait aux droits européen et international. Ainsi, les expériences menées dans certains pays de l’Union européenne (Luxembourg, Malte, Italie) ne relèvent pas de la légalisation. Si le projet de loi aboutit, l’Allemagne serait alors « pionnière en Europe« , souligne la taz, car elle serait le premier pays à instaurer « une politique moderne, axée sur la santé, en matière de cannabis« .

Source: Sciencesetavenir.fr
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