« My Hero Academia », le phénomène manga expliqué en trois questions

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Une trentaine de mangas, cinq saisons à la télévision et sur les plates-formes de streaming, des déclinaisons en jeux vidéo… et maintenant un troisième long-métrage qui s’offre, mercredi 26 janvier, une diffusion nationale dans les cinémas français : la saga japonaise My Hero Academia, du mangaka Kohei Horikoshi, est plus que jamais vivace.

Ce troisième opus réalisé par Kenji Nagasaki et le studio d’animation Bones, baptisé My Hero Academia  World Heroes’ Mission, déroule, indépendamment de la saga, une intrigue dans laquelle les super-héros affrontent Humarise, une organisation sectaire terroriste qui a décidé d’éradiquer tous les détenteurs de superpouvoirs, civils comme combattants.

Avec 2,8 millions d’exemplaires vendus en 2021 en France (plus de 7 millions au Japon la même année), My Hero Academia est l’une des séries BD les plus populaires de l’Hexagone, derrière le mastodonte One Piece et au coude-à-coude avec Mortèle Adèle. En anime, elle se place dans le top 10 des séries les plus regardées parmi les dizaines disponibles de la plate-forme de VoD Crunchyroll. L’occasion de faire le point sur ce manga phénomène.

L’histoire se déploie dans un futur proche et au Japon où, à la suite d’une évolution humaine mystérieuse, 80 % de la population possèdent des pouvoirs nommés « alters ». Ces facultés ont fait exploser le nombre de héros comme leurs ennemis, à tel point que les super-héros font carrière et deviennent des fonctionnaires d’Etat.

Parmi eux, le très populaire All-Might, une armoire à glace invincible au sourire étincelant dont le héros de la série, Izuku « Deku » Midoriya, 14 ans, est le plus grand fan. Le jeune homme veut marcher dans ses pas et entrer à Yuei, un lycée prestigieux qui forme les plus grands super-héros. Problème : il fait partie des quelque 20 % de Terriens qui, eux, n’ont aucun pouvoir. Plutôt faible, il est la risée de ses camarades de classe jusqu’à ce que sa rencontre avec All-Might change la donne.

My Hero Academia est né à l’été 2014 dans les pages du magazine japonais Weekly Shonen Jump, la publication qui a vu percer des séries pour jeunes garçons comme Dragon Ball, mais aussi plus tard One Piece, Bleach et Naruto. Comme dans une sorte de passage de relais, Naruto, qui a notamment inspiré l’auteur de My Hero Academia, s’est achevé quelque mois après le début des aventures de Deku. Cette nouvelle série arbore – et renouvelle – tout le savoir-faire du magazine hebdomadaire en matière de manga blockbuster : un héros qui va se surpasser pour accomplir une quête qui semble démesurée, une variété de personnages attrayants, des affrontements épiques, entre autres.

Mais cette saga s’éloigne aussi d’une tendance récente. En principe destinés en premier lieu à un public de jeunes garçons, les nouveaux mangas phares du Weekly Shonen Jump, à l’instar de Demon Slayer ou Jujutsu Kaisen, ont en effet eu tendance à s’assombrir et s’adresser à un public plus mature. Avec ses couleurs, sa devanture pop et son intrigue en milieu scolaire, la série My Hero Academia, elle, parvient à séduire de grands ados comme un public plus jeune, parfois même dès 7-8 ans. Un public qui d’ailleurs peine souvent aussi à se plonger dans les multiples et complexes versions papier des super-héros américains qu’ils ont pourtant adorés sur grand écran. My Hero Academia est également autant plébiscitée par des lecteurs que des lectrices.

Déjà populaire dans les librairies depuis sa publication en France en 2016, mais aussi sur les plates-formes spécialisées en animation japonaise, la série a vu toutefois sa notoriété prendre de l’ampleur grâce à sa diffusion sur Netflix à partir de la fin de l’année 2020. Pour preuve, le premier tome de la bande dessinée s’est vendu à 200 000 exemplaires en France en 2021, contre 80 000 en 2020, d’après son éditeur français, Ki-oon.

Bien qu’archétypale du genre « shonen nekketsu », registre martial faisant l’apologie du courage, de l’amitié et de l’héroïsme sans oublier parfois une dimension humoristique, My Hero Academia tranche avec ses prédécesseuses par ses influences : celle des comics américains, comme les X-Men de Marvel et leurs superpouvoirs génétiques. « Kohei Horikoshi, 35 ans, fait partie de la génération d’auteurs japonais qui a grandi à l’époque d’une mondialisation de la pop culture », détaille Ahmed Agne, directeur éditorial et cofondateur de Ki-oon.

Les lecteurs louent également chez My Hero Academia la variété et la qualité de ses nombreux personnages. Outre Deku, ont également les faveurs des fans le ténébreux Shoto Todoroki, qui manipule des pouvoirs de feu et de glace, mais aussi Katsuki Bakugo, rival soupe au lait de Deku et capable de créer des explosions. Kohei Horikoshi ne boude par ailleurs pas son plaisir et crée des personnages hauts en couleur et loufoques, à l’image de Eraserhead, le prof super-héros qui souffre de sécheresse oculaire ou encore Kaminari, l’apprenti héros aux pouvoirs électriques à qui il arrive de disjoncter et de devenir complètement idiot. Quant à All-Might, le mentor de Deku, sa force colossale a de sérieuses limites.

Cette diversité, le mangaka a su aussi l’appliquer à ses personnages féminins. Les héroïnes disposent de proportions physiques plus réalistes que dans d’autres œuvres (en dehors de Mount Lady, super-héroïne géante) et ne sont pas simplement là pour faire friser l’œil des lecteurs. Au démarrage de la série, l’accent est mis sur leurs pouvoirs plus que leur beauté et leurs caractéristiques physiques comme leurs compétences se distinguent les unes des autres. Il n’a pas échappé aux fans que l’une d’entre elles, Ochako, paraît toutefois amincie dans l’adaptation animée.

Source: lemonde.fr

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