Crime, drogue, corruption : une bande du narcobanditisme marseillais devant la justice

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Des armes de guerre, des véhicules volés, des balises et des brouilleurs en nombre, des avocats transformés en informateurs, des surveillants de prison corrompus pour faire entrer des téléphones derrière les barreaux : le procès qui doit s’ouvrir lundi 20 juin devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône va dévoiler les multiples ramifications d’une puissante équipe du narcobanditisme marseillais. Pour les jurés, une plongée dans l’océan d’argent généré par les trafics de stupéfiants, au cœur des haines entre bandes rivales.

Aux côtés de cinq accusés jugés pour « association de malfaiteurs » et un rôle possible de logisticiens du crime – placeur de balises sous les véhicules de concurrents ennemis, gestionnaires des armes ou encore comptable des réseaux de revente de drogue –, trois hommes répondent d’un violent assassinat, commis en pleine circulation, le 16 février 2017, sur l’autoroute A55, qui relie Martigues à Marseille.

Sidérés, des automobilistes avaient assisté à une course-poursuite entre la Twingo de la victime et la BMW noire de ses meurtriers. Kader Benaïcha, 31 ans, avait été atteint lors d’un dépassement et sa voiture s’était retrouvée sur le toit après avoir zigzagué. Les témoins avaient alors vu un homme cagoulé et vêtu de noir passer le canon de sa Kalachnikov dans l’habitacle. Vingt-six douilles ont été retrouvées autour de la Twingo, qui avait immédiatement pris feu.

L’ancien braqueur Karim Boughanemi, 46 ans, son frère Malik, de trois ans son aîné, et Abdelmoumen Mouzaïa, présenté comme un de leurs lieutenants, nient être les auteurs de ce règlement de comptes. Un minutieux travail sur la géolocalisation de leurs lignes de téléphone et sur les sept balises utilisées pour pister l’équipe ennemie conduit pourtant à eux. Le décryptage d’un téléphone BlackBerry, à l’époque réputé inviolable, va étoffer cette piste. « Il save que gt dans les parage le jour des faits il on rien sur moi », écrit Karim Boughanemi sur son téléphone crypté, en parlant des enquêteurs.

Pour l’accusation, l’exécution de Kader Benaïcha sur l’autoroute A55 est l’un des épisodes du « conflit à mort » que se livrent les familles Boughanemi et les frères Djouhoud depuis le milieu des années 2000. Comme dans d’autres vendettas marseillaises entre clans impliqués dans le trafic de drogue, les ennemis d’aujourd’hui sont les amis d’hier.

Entendu par une juge d’instruction au sujet de la tentative d’assassinat dont il a été victime en juin 2016, Nabil Boughanmi, un cousin des frères Boughanemi, avait montré une photo de son mariage, célébré en 2007. Hamza Djouhoud, dont la famille était voisine de la sienne à la cité Kallisté, y figure parmi les invités. Nabil Boughanmi est mort dans un règlement de comptes le 20 octobre 2017.

Source: lemonde.fr

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